Var-Matin (Grand Toulon)

«Jenefixepa­sdelimite»

À 55 ans, Christian Lavieille vient d’avaler sa 18e part de désert à bord d’un buggy (11e). Le baroudeur varois revient sur cette édition très spéciale et évoque un futur à durée indétermin­ée

- PROPOS RECUEILLIS PAR GIL LÉON

Jamais trois sans quatre ? Non, mais le coup est passé près. Le  janvier dernier, à l’arrivée, il ne lui aura manqué qu’une douzaine de minutes pour figurer dans le top  du classement auto, comme en   et  Christian Lavieille n’en fait pas une jaunisse. De retour dans la catégorie reine (T), à bord d’un buggy Optimus Evo flambant neuf construit dans les ateliers de la petite entreprise normande MD Rallye, le vétéran varois a vite remis le curseur sur le mode sprint. Oubliés les marathons « pépères » des précédente­s éditions, où il avait conduit à la victoire trois fois en quatre ans son « fourgon » - un x Toyota de série -... En Arabie saoudite, le team MD alignait six sauterelle­s du désert. Cinq ont bouclé la boucle à Djeddah. Et sans surprise, c’est celle confiée au tandem Lavieille-Garcin qui décroche le meilleur classement Encore une fois, l’expérience et la régularité ont fait la différence. Entre une virée en VTT sur les sentiers sillonnant le plateau du Castellet et une randonnée à ski dans des massifs copieuseme­nt enneigés, Christian le Beaussétan rembobine le film de ce Dakar à nul autre pareil, puisque sous cloche. Son

Dakar, rien que ça...

Christian, avant le départ, auriez-vous signé pour finir e ?

Non. À ce moment-là, je lorgnais le top  en pensant à la e ou à la e

place. Finalement, il n'y a pas eu beaucoup de dégâts aux avant-postes. Rares sont les gros bras qui ont abandonné. De notre côté, au début, il a fallu composer avec des petits problèmes de jeunesse. On ne pouvait pas exploiter l'auto à  % tout le temps pour des questions de budget. Par exemple, on utilisait de l'essence normale et non de l'Avgas

(un carburant d'aviation qui optimise les performanc­es, ndlr) parce que ça coûte un billet de   euros. À part ça, l'Optimus Evo est bien né. Avec Jean-Pierre

(Garcin, son navigateur),

nous sommes très fiers de l'avoir emmené à ce e

rang au terme des  bornes. Une façon de remercier MD Rallye et la famille Morel qui a énormément travaillé durant la quinzaine en passant des nuits blanches pour que nous repartions chaque jour avec un buggy remis à niveau.

Le top , vous auriez pu l’intégrer avec une préparatio­n plus conséquent­e ?

D’un côté, le feu vert s’est allumé très tard pour notre participat­ion. De l’autre, chez eux, la constructi­on de la carrosseri­e de l’Evo a réclamé plus de temps que prévu dans ce contexte difficile. Donc on a été pris de court. Avant l’embarqueme­nt des autos à Marseille, je n’ai accompli que deux demi-journées de test. Et seulement deux heures de roulage avec les nouveaux amortisseu­rs Reiger. Mais au vu du déroulemen­t de la course, le bilan s’avère largement positif. Pas de regret.

Et finalement, vous le perdez où, le top  ? Au début ou à la fin ?

Partout ! Si on refait l’histoire, il y a les soucis de températur­e moteur et de boîte de vitesses qui nous ralentisse­nt lors des trois premières étapes. Après, on a un peu jardiné (cherché le bon cap) ici et là. On change trois roues. Et puis nous n’avons pas la même voiture ni les mêmes moyens techniques que Cyril (Després, le rival pilotant un Peugeot  DKR ex-usine qui l’a délogé in extremis de la place).

Lui aussi a jardiné, mais plutôt au début.

Son copilote (l’aventurier Mike Horn, qui a découvert le Dakar en ) a bien progressé en navigation au fil des étapes.

À ce propos, quel jugement portezvous sur le nouveau roadbook numérique ? C’est une évolution.

Aux concurrent­s de s’adapter. J’ai entendu Carlos Sainz râler. Naviguer avec la tablette, c’est plus compliqué qu’avec un cahier, OK. Parce que vous avez moins de recul sur l’étape suivante. Vous n’anticipez plus les difficulté­s en planchant sur des cartes la veille. Mais bon, si  % du plateau jardine, on peut dire qu’il y a un problème. En revanche, si le taux plafonne à  %, ça signifie que c’est vous le problème !

Jean-Pierre Garcin a réussi la transition ?

Oui. Un Dakar sans erreur de nav’, c’est rare. De toute façon, quand on se perd, c’est autant ma faute que la sienne. Nous sommes deux dans la voiture.

Le pilote, il tient le volant, mais il doit aussi apprécier le terrain.

Le parcours ?

Si votre question porte sur la splendeur des décors, impossible de comparer parce que j’ai eu beaucoup moins le temps de regarder les paysages cette année. On a découvert des nouvelles régions, des nouvelles dunes.

Moi, franchemen­t, j’aimerais bien avoir encore plus de sable. Il y avait un peu trop de cailloux. En résumé, c’était moins rapide et plus dur.

Un beau Dakar. Je pense que tout le monde vous en dira autant. Par les temps qui courent, qui oserait se plaindre ? Six jours avant le départ, on n’avait pas encore les billets d’avion pour se rendre en Arabie saoudite, alors...

Une polémique sur les pneus a pris de l’ampleur en cours de route. Les x seraient désavantag­és parce que plus sensibles aux crevaisons que les buggys. Vrai ou faux ? Quand le Dakar roulait en Amérique du sud, notamment en Argentine, les pilotes de x ne se plaignaien­t pas de ça. Aujourd’hui, on a un terrain de jeu favorable aux buggys, c’est vrai.

Mais certains exagèrent. Quand vous avez déjà crevé deux fois et qu’il vous reste une seule roue de secours, il faut réfléchir et lever le pied dans les zones à risques, non ?

Le Dakar, c’est un rallyeraid, pas une course de vitesse. Les gars restent à bloc, quoi ! Et puis ils pleurent quand ils terminent sur la jante. BF Goodrich devrait se pencher sur les pneus des x, renforcer leurs flancs, d’accord. Au-delà, attention : si ces palabres débouchent sur un changement de réglementa­tion pour qu’ils soient équipés de grosses roues, cela suppose de modifier profondéme­nt les châssis, voire de les refaire de A à Z. On entrerait dans une spirale infernale, très onéreuse.

On a l’impression que Stéphane Peterhanse­l peut encore gagner dix éditions. Il est increvable ?

Ah je crois qu’il a surtout eu la chance de naître durant une très bonne année. (En , comme un certain Christian Lavieille !) Stéphane, c’est un mec intelligen­t. Il a le sens de l’analyse. Et il a beaucoup d’expérience. S’il ne gagne qu’une étape, on l’a toujours vu aux avantposte­s. Il a su mettre son nouveau copilote en confiance. Bref, il possède tous les ingrédient­s. On ne gagne pas autant de Dakar par hasard.

‘‘ Un Dakar sans erreur de nav’, c’est rare ”

De votre côté, au soir de cette e participat­ion, quel est le cap ?

Vous voulez atteindre ou dépasser la barre des  ? Je ne fixe pas de limite. J’ai encore la pointe de vitesse et j’ai encore envie de rouler, envie d’obtenir des bons résultats.

Le e Dakar, comme les précédents, il dépendra du budget. L’équipe MD Rallye a dressé le listing des améliorati­ons à entreprend­re. Tout le monde est très motivé. Leurs regards sont déjà tournés vers le Rallye du Maroc. Concernant le Dakar , on verra. C’est dans les tuyaux...

‘‘ J’ai encore la pointe de vitesse et j’ai encore envie de rouler ”

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Christian Lavieille : « On a découvert des nouvelles régions, des nouvelles dunes. Franchemen­t, j’aimerais bien avoir encore plus de sable. »
(Photo DPPI) Au bivouac avec l’ami Luc Alphand. Christian Lavieille : « On a découvert des nouvelles régions, des nouvelles dunes. Franchemen­t, j’aimerais bien avoir encore plus de sable. »
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(DR)

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