Paca : qui seront les candidats ?
L’élection devrait voir s’affronter en Paca le président sortant LR Renaud Muselier et l’ex-ministre UMP Thierry Mariani, passé au RN. Les Verts et la gauche ont encore à trouver leur(s) champion(s)
Quelle sera l’affiche des régionales en Provence - Alpes - Côte d’Azur ? Si elle comporte encore nombre d’incertitudes, elle commence à se dessiner. Première quasi-certitude, Renaud Muselier, 61 ans, président sortant de la majorité LR - UDI - Modem, s’apprête à briguer un deuxième mandat. S’il refuse de se déclarer pour l’instant, arguant de la nécessité de se consacrer à 100 % à la gestion de la crise sanitaire et économique, tout dans son attitude, son omniprésence et sa manière de mettre en lumière l’action de la Région, laisse à penser que le médecin marseillais n’envisage pas d’aller faire bronzette en goûtant la vue sur le château d’If.
Face à lui, il est plus que probable qu’il retrouve un ancien compagnon de route du RPR et de l’UMP, Thierry Mariani, 62 ans. Ministre des Transports de Nicolas Sarkozy de 2010 à 2012, le Vauclusien s’est depuis rallié au Rassemblement national, sur la liste duquel il a été élu député européen en 2019.
« Ça ne m’arrange pas. Humainement, ce sera compliqué. On a été fabriqué dans le même moule. Nous avons connu trente ans de vie commune à droite. Le retrouver contre moi, ça fait un petit choc », confiait d’ailleurs récemment Renaud Muselier au Figaro. «Ons’estime beaucoup, mais c’est comme au rugby, bien aimer l’équipe d’en face ne dispense pas de jouer le match », complétait Thierry Mariani.
Une liste LR - LREM ?
A droite, la principale interrogation consiste à savoir si la majorité sortante s’alliera à La République en marche dès le premier tour. Christian Estrosi, qui a payé en 2015 pour mesurer la difficulté de battre le RN dans une élection régionale traditionnellement favorable au parti mariniste, plaide en ce sens depuis plusieurs mois. Renaud Muselier, sans être aussi catégorique, oscillant entre main tendue et coups de griffe au gouvernement, semble, également, devoir se rallier à cette stratégie. Du côté de LREM, si une candidature de la ministre de l’Enseignement supérieur, l’Azuréenne Frédérique Vidal, a un temps été vaguement évoquée – sans que l’intéressée y donne consistance –, la volonté d’une alliance avec la majorité sortante fait écho à la très faible implantation locale des marcheurs, leurs députés exceptés. Claire Pitollat, députée LREM des Bouches-duRhône, double cette réalité de la nécessité de ne pas se tromper d’adversaire : « Le RN est fort en Paca, ditelle, et notre but est d’amener une alliance progressiste à la tête de la Région. Renaud Muselier est bien placé pour cela : il a su créer une majorité large. Le travail accompli par la Région est plutôt intéressant, en matière d’écologie notamment. Mais il faut qu’on discute avec lui, l’objectif étant de parvenir à une solution qui empêche les extrêmes d’arriver au pouvoir. »
À gauche, Les Verts dictent leur tempo
L’autre grande inconnue de cette élection se situe à gauche : les écologistes et la gauche réussiront-ils à s’unir ou partiront-ils à la bataille divisés ? Les temps ont changé. Europe Écologie Les Verts, fort de ses bons résultats aux européennes puis aux municipales, entend cette fois jouer un rôle
de locomotive et non plus de faire-valoir. Ses militants ont opté, de justesse, pour une stratégie d’autonomie verte, articulée autour du Pôle écologiste, composé d’EELV, Cap 21, Génération Écologie, Génération.s, l’Alliance écologiste indépendante et le Mouvement des progressistes. Sans fermer totalement la porte à une union avec la gauche, Les Verts l’ont conditionnée à un programme qui soit résolument écologique. Une attitude enchériste jugée suicidaire par la gauche qui, durablement ébranlée par son naufrage de 2015, appelle, toutes les composantes à l’unisson, à la raison et au rassemblement le plus large possible.
Les écologistes, quant à eux, ont encore à trancher leur tête de liste, une tâche qui devrait revenir aux militants des divers mouvements du Pôle écologiste. Le géographe marseillais Olivier Dubuquoy, chef de file d’EELV en Paca, et le Niçois JeanMarc Governatori, secrétaire national de l’Alliance écologiste indépendante, sont sur les rangs.
À ce stade, seul est déclaré le candidat de Debout la France, l’ancien colonel de gendarmerie niçois Benoît Kandel, à la tête « d’une liste qui s’adresse aux orphelins des Républicains qui veulent pouvoir encore voter à droite sans voter RN ».