Elle réclame « justice » pour son fils
Depuis la mort de son fils, cette Hyéroise réclame justice contre un hôtel de luxe et souhaite la mise en vigueur de normes de sécurité « pour qu’aucune famille ne vive le même drame »
Un drame encore difficile à évoquer. Trois ans après, le souvenir et la douleur sont encore là. La douleur d’une mère meurtrie, qui se bat depuis la mort de son fils, Keryan.
« Le 24 février 2018, ma vie a basculé, explique MarieClaire, les larmes aux yeux. L’émotion est encore vive. Nous étions en vacances sur une île des Caraïbes, avec mon époux, Howard, mes fils Keryan, 24 ans, et William, 26 ans, la fiancée de Keryan, Estelle, et un ami de la famille. Tous les quatre sont allés à la plage pour se détendre. C’est à ce moment-là que la tragédie est arrivée. » Aux alentours de 16 h 30, alors qu’il teste son nouveau masque pour explorer la mer, près du rivage de la plage publique Pinneys Beach, « Keryan est heurté de plein fouet par un bateau traînant une bouée, avec à son bord des membres d’une famille américaine », raconte MarieClaire.
Le jeune homme meurt sur le coup. Devant les yeux de son frère, sa fiancée et deux témoins américaines, « seules personnes présentes sur cette plage publique, précise la maman de Keryan. À partir de ce moment-là, un double drame nous a touchés de plein fouet : la perte de Keryan, et la bataille qui existe depuis cette date. »
« Le bateau qui a tué mon fils appartenait à une société en partenariat direct avec un hôtel de luxe, juste à côté de la plage publique sur laquelle se baignait Keryan. Le bateau n’avait aucun droit de faire de tels loisirs, si proche du rivage. J’ai demandé des comptes à l’hôtel, qui m’a traité avec un tel mépris. Ils n’ont jamais reconnu leur implication dans la mort de mon fils, et n’ont eu aucun respect pour lui. Ils ont tué mon fils et je ne laisserai pas cela impuni. J’ai l’impression que la vie de mon fils ne vaut rien face au plaisir de clients richissimes. Il y a un manque de compassion et d’humanité de la part des PDG de cet hôtel de luxe, qui me révolte », clame la Hyéroise.
Plaintes déposées à Nieves et en France
Une plainte a été déposée auprès des autorités locales, à Nieves, en 2018. « En France, une plainte a été déposée le 20 décembre 2018 auprès du tribunal de Toulon pour “homicide, coups et blessures ayant entraîné la mort ; non-assistance à personne en danger ; défaut de maîtrise du bateau et négligence grave”, confirme maître Friscia, l’avocat de Marie-Claire. Depuis, l’enquête suit son cours. Nous espérons un procès, mais les délais d’attentes et de procédures ne relèvent pas de notre compétence. »
Un combat depuis trois ans
Dans l’attente de la tenue d’un éventuel procès, cette mère encore traumatisée se bat « pour que plus jamais aucune famille ne vive ce que nous vivons depuis trois ans. » Elle entend faire instaurer le Keryan’s protocol (lire ci-dessous) dans tous les groupes hôteliers du monde. « Je combats l’injustice car mon fils l’aurait fait. À travers chaque vie sauvée, je veux faire vivre Keryan. J’en ai besoin pour faire mon deuil », lance-t-elle, les yeux rivés sur la mer, qu’elle observe chaque jour depuis les hauteurs d’Hyères. « Keryan avait un bel avenir devant lui, et on lui a ôté la vie en raison de négligences et de mauvaises procédures. Ça doit changer. » Autre souhait de la maman : l’harmonisation des lois internationales « afin de faire reconnaître le délit de fuite et de non-assistance à personne en danger dans tous les pays. Un combat qui sera long, j’en ai conscience. » Une force que Marie-Claire puise dans sa spiritualité et dans le soutien infaillible de son entourage. « Je me battrai jusqu’au bout pour mon fils, pour sa mémoire, pour que justice soit faite. »