Var-Matin (Grand Toulon)

Le jour où Louis XIV a fait halte au village

- M. R.

Le vendredi 6 février 1660 est une date qui a marqué le village du sceau royal. Ce jour-là, c’est en un cortège de plusieurs milliers de personnes qui traverse le village, celui du jeune roi Louis XIV (21 ans), qui débarque avec son gigantesqu­e carrosse royal, une cinquantai­ne d’hippomobil­es, autant de chariots, plus de 100 mulets et près de 500 gardes à cheval. En provenance d’Aix-en-Provence où le roi et sa cour ont séjourné du 17 janvier au 4 février, le noble équipage fait une halte à Saint-Maximin et la SainteBaum­e avant d’emprunter la vallée du Gapeau le 6 février. Il est attendu au château de Jean de Forbin, marquis de Solliès, pour y passer la nuit.

D’Artagnan et des écrevisses mijotées

La royale procession, dans laquelle on pouvait reconnaîtr­e sa mère Anne d’Autriche, son frère le duc d’Anjou, le cardinal Mazarin, les maréchaux de Grammont et Duplessis, ou encore le chef des mousquetai­res d’Artagnan, entre dans le village, aujourd’hui chemin de Guiran. Et s’arrête sur ordre du roi devant une auberge d’où s’échappent d’aimables fumets.

Sur ordre du suzerain, d’Artagnan fait mander le tavernier de ce relais, la Ribiero, Aristide Daumas, bien surpris de la magnificen­te assistance. Ce dernier explique, après moult courbettes, préparer des écrevisses réduites à l’huile d’olive et mijotées avec un fond de farine délayé au vin.

Mis en appétit, le roi veut goûter ce mets, s’en délecte avec une partie de ses courtisans et aurait octroyé au sieur Daumas un Louis d’or (6,7 gr). Le roi rencontre ensuite la mère supérieure du couvent de la communauté religieuse des Saintes-Ursulines à qui il remet quelques Louis et, s’émouvant de la petitesse de la chapelle qui servait au culte, il remet à l’évêché une somme rondelette qui permet, quarante ans plus tard, la constructi­on de l’actuelle église Saint-Christophe.

Il a fallu démonter le carosse

Ainsi le noble équipage met près de quatre heures pour traverser le village. Il faut dire qu’il fallut en partie démonter le carrosse royal qui ne passait pas dans les rues étroites, avant de couvrir la lieue qui lui restait jusqu’au château des Forbin de Solliès-Pont où il passa la nuit.

Le roi, tout à sa joie, aurait dit au sieur Forbin en entendant dire que Solliès se disait soulié en provençal, « si vous avez un soulié comme ça à chaque pied, vous êtes le mieux chaussé de mon royaume ! »

Le roi, et sa suite, prit ensuite ses quartiers à Toulon du 7 au 18 février, avant de retourner à Aix-en-Provence et de continuer son périple qui le mena jusqu’à Saint-Jean-de-Luz où il se maria avec Marie-Thérèse d’Autriche, le 9 juin.

 ?? (Photo M. R.) ?? Jean-Claude Vincent, passionné par l’histoire du village, devant la maison édifiée en  sur les ruines de la taverne la Ribieiro » où le roi fit halte, brûlée lors de la révolte des « bonnets rouges » en .
(Photo M. R.) Jean-Claude Vincent, passionné par l’histoire du village, devant la maison édifiée en  sur les ruines de la taverne la Ribieiro » où le roi fit halte, brûlée lors de la révolte des « bonnets rouges » en .

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