Trafics de stups à Marseille : Darmanin à l’offensive
En visite à Marseille, gangrenée par le trafic de drogue, le ministre de l’Intérieur a annoncé hier le renfort prochain de 300 policiers dans la ville et plus généralement dans les Bouches-du-Rhône
I «l y avait à Marseille un souseffectif de police et notamment de sécurité publique, nous le réparons », a déclaré hier Gérald Darmanin, en déplacement dans la cité phocéenne, à l’occasion d’un point presse dans un commissariat des quartiers sensible du nord de la ville, où les points de deal sont nombreux. Au total, 300 policiers seront affectés au cours des trois prochaines années dans le département des Bouches-du-Rhône, dont 100 dès cette année – une annonce saluée comme « une première étape » par Yannick Ohanessian, l’adjoint à la sécurité de la mairie de Marseille.
La tension était montée il y a une semaine entre le ministre de l’Intérieur et la nouvelle municipalité de gauche de la deuxième ville de France, Gérald Darmanin lui ayant reproché d’avoir « refusé » l’argent qu’il proposait pour de la vidéosurveillance. « Jusqu’à preuve du contraire, une caméra n’a jamais arrêté le moindre voleur, encore moins un trafic de drogue », avait rétorqué Yannick Ohanessian.
« Résultats très encourageants »
Les caméras « ne résolvent pas tout, mais elles aident les policiers », a répondu hier le ministre, disant même espérer pouvoir compter prochainement sur les drones, si la loi sécurité globale était adoptée, et proposant à nouveau une aide financière pour aider la ville à étendre son réseau de vidéosurveillance.
« Nous devons tout faire pour changer structurellement ces quartiers
[minés par le trafic de drogue] .Il y a une immense majorité de gens qui vivent normalement, qui veulent vivre du fruit de leur travail
(...) Il faut de tout, des policiers et de l’éducation pour faire une ville », a poursuivi le ministre.
« La vraie question, à Marseille, c’est la criminalité liée aux stupéfiants, à ces trafics qui se professionnalisent, qui redeviennent plus violents, comme dans les années 1980, et dont les participants rajeunissent », a souligné Jean-Baptiste Perrier, directeur de l’Institut de sciences pénales et de criminologie à l’université d’Aix-Marseille. Selon les derniers chiffres policiers, révélés mercredi par nos confrères de La Provence, Marseille compterait 156 « plans stups » (points de deal), dont certains accueilleraient jusqu’à 2 000 clients par jour, pour des revenus quotidiens de 80 000 euros. La lutte contre le trafic, « c’est un travail sans cesse à recommencer »,
« Les résultats sont très encourageants, on a triplé en trois ans le nombre d’ouvertures d’enquête (...)
et doublé en passant de huit à 16 millions d’euros » les saisies, fruits du trafic de produits stupéfiants, s’est félicité Gérald Darmanin. Le ministre a ensuite poursuivi sa visite par une rencontre, inscrite dans le cadre du Beauveau de la sécurité, avec des élus, des habitants, des bailleurs sociaux et des associations d’un autre quartier populaire. Il faut
« taper les nourrices (qui stockent la drogue, Ndlr), pouvoir faire des écoutes, surveiller les réseaux sociaux », a-t-il martelé face aux interpellations de ses interlocuteurs évoquant des cités transformées en « zones de non-droit » par les dealers, le sentiment d’« impunité » ou la « peur des règlements de comptes ».
« Cette approche proactive » aeu des résultats au niveau des règlements de comptes, en forte diminution dans le département, avec seulement 12 morts en 2020 contre 29 en 2016, soulignait récemment le patron de la police judiciaire dans la zone sud Eric Arella. Mais l’action policière ne suffira pas, relève M. Perrier : «Ce qui est tragique, c’est que pour un jeune, dans ces cités, la réussite est beaucoup plus simple dans le réseau de stupéfiants que dans la vie normale ». a encore souligné le ministre.