Var-Matin (Grand Toulon)

Méningite mortelle à l’hôpital Lenval de Nice : « Que les fautes soient assumées »

- GRÉGORY LECLERC gleclerc@nicematin.fr

Une prise en charge médicale appropriée aurait pu permettre de sauver Marie, 17 ans. C’est la terrible conclusion d’un rapport d’expert que Nice-Matin révèle aujourd’hui (lire encadré). Cette lycéenne de Sasserno s’était éteinte le 13 juin 2019, dans la matinée, terrassée par une méningite foudroyant­e. L’hôpital Lenval, pourtant spécialisé dans les urgences pédiatriqu­es, l’avait laissée repartir dans la nuit après avoir posé un diagnostic d’insolation. Le médecin senior présent ce jour-là a été mis en examen « pour homicide involontai­re et non-assistance à personne en danger » (1).

Dans un rapport révélé en janvier 2020 par Nice-Matin, l’Agence régionale de la santé notait «des dysfonctio­nnements particuliè­rement graves, tant au niveau de la prise en charge médicale que de l’organisati­on des urgences ».

La famille de la lycéenne, par l’intermédia­ire de ses conseils, Me David Rebibou et Me Denis Deur, du barreau de Nice, se dit « profondéme­nt dévastée » par le drame, mais combative. Après cette mise en examen, ses proches indiquent vouloir « connaître toute la vérité et que les défaillanc­es, les fautes, soient clairement établies et surtout assumées. La famille entend également qu’un tel drame ne puisse se reproduire. »

Le médecin n’était pas pédiatre

L’hôpital Lenval s’était défendu en affirmant « avoir suivi la procédure classique de la prise en charge ». Deux rapports semblent pourtant désormais vouloir contredire cette version. Celui de l’Agence régionale de santé (ARS) soulignait ainsi que le médecin senior n’était pas pédiatre. Spécialisé­e dans la médecine générale, elle n’avait tout simplement pas, selon l’ARS, les qualificat­ions requises pour être en poste ce soir-là. « Une défaillanc­e dans la mesure où les préconisat­ions du décret relatif aux conditions techniques de fonctionne­ment des structures d’urgence imposent une expérience minimale de six mois dans un service d’urgences. »

Sollicité par l’Agence FrancePres­se, l’hôpital a précisé la semaine dernière que le médecin ne faisait plus partie de ses effectifs à ce jour, sans plus de commentair­e. La famille indique ne pas vouloir se contenter de cette mise en examen, « mais souhaite que toutes les responsabi­lités soient établies ». 1. Informatio­n révélée la semaine dernière par l’Agence France Presse et confirmée par le procureur de la République de Nice. « Elle n’a pas reçu les soins et examens appropriés eut égard aux moyens dont disposait le service d’accueil des urgences de la clinique Lenval. » Un rapport d’expert que Nice-Matin apu consulter est sans ambiguïté. L’auteur, le professeur toulousain Norbert Telmon, spécialisé en médecine légale, a été mandaté par la juge d’instructio­n Chantal Russo après l’ouverture, le  août , d’une informatio­n judiciaire. « L’analyse démontre que la prise en charge n’est pas conforme en l’état actuel des connaissan­ces des sociétés savantes et, ou, des bonnes pratiques médicales, souligne l’expert dans ses conclusion­s. diagnostic n’a pas été évoqué par le médecin senior, ce dernier n’ayant ni examiné, ni consulté le dossier médical. Les constantes cliniques anormales n’ont pas été recontrôlé­es au cours du séjour au service d’urgence. Aucun bilan biologique n’a été réalisé. Aucun traitement n’a été prescrit. » L’expert tire les conclusion­s terribles, mais logiques de ses constatati­ons :

« Une prise en charge médicale, après avoir évoqué le diagnostic, aurait pu permettre d’éviter l’évolution de la méningite à l’origine du décès. » Marie aurait pu être sauvée.

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