Une partie du pays en sursis, l’exécutif jugé trop attentiste
Le gouvernement veut prendre son temps pour décider de nouvelles restrictions sanitaires dans vingt départements, dont le Var. Une stratégie qui lui vaut son lot de critiques
Alors que Nice et Dunkerque s’apprêtent à vivre leurs premiers week-ends de l’année 2021 confinés (lire en page suivante), toute la région parisienne, le Rhône, les Bouches-du-Rhône, le Var et une partie des Hauts-de-France et du Grand Est, notamment, se sont réveillés en sursis vendredi, placés sous « surveillance renforcée » par l’exécutif.
Déjà soumis comme le reste de la France métropolitaine au couvre-feu de 18 h, ces territoires pourraient se voir imposer dans une semaine des mesures encore plus strictes, dont des confinements locaux le week-end, si la situation continuait à se dégrader, a prévenu jeudi le Premier ministre Jean Castex, en promettant une concertation avec les élus.
« Décrochage »
Mais face à la montée des nouvelles formes de coronavirus, notamment le variant anglais plus contagieux, et à une occupation toujours élevée des hôpitaux par les cas de Covid-19, plusieurs médecins et scientifiques ont critiqué le gouvernement, jugé trop attentiste. 138 771 nouveaux cas ont été détectés la semaine dernière, contre 128 662 la semaine précédente, selon le bulletin hebdomadaire de Santé publique France, pour qui la situation reste « préoccupante ». En Île-de-France, le taux d’incidence a grimpé de 240 à plus de 310 cas pour 100 000 habitants sur sept jours, avec un plus haut atteint en Seine-Saint-Denis (361).
« On a l’impression que c’est vraiment reculer pour mieux sauter (...). On voit bien qu’il y a un décrochage qu’on attendait, à partir du moment où le variant anglais devient majoritaire, c’est une histoire mathématique assez simple », a commenté sur RTL Karine Lacombe, la cheffe du service maladies infectieuses à l’hôpital parisien Saint-Antoine. « Dans une épidémie avec une évolution défavorable, dire à l’avance qu’on va attendre 10 jours (quoi qu’il arrive) pour décider, c’est courir à l’échec et courir toujours derrière le virus ! », a aussi riposté, sur Twitter, le professeur d’épidémiologie à l’université de Versailles-Saint-Quentin-enYvelines, Mahmoud Zureik.
Effets du vaccin
Jean Castex a réaffirmé jeudi vouloir « tout faire pour retarder » un confinement strict, afin de « laisser à la vaccination le temps de produire ses effets ». Et les toutes premières lueurs d’espoirs apparaissent. Santé publique France a ainsi relevé que « les premiers effets » de la campagne de vaccination se dessinaient chez les plus de 75 ans, avec une baisse du taux d’incidence durant la semaine du 15 février, et, surtout, une « forte diminution » des décès (- 22,5 %, soit - 143 morts) dans les établissements sociaux, dont font partie les Ehpad, la semaine précédente.
Mais la durée des restrictions et du climat anxiogène provoqué par la pandémie se fait aussi sentir. Santé publique France a noté «une augmentation significative des états anxieux » dans la population (19,2 à 22,7 %) et des états dépressifs (19,5 à 22,7 %) entre janvier et février.
À Rennes, six étudiants sur dix présentaient « des signes de détresse psychologique » à l’issue du second confinement, selon une enquête menée auprès de trois grandes écoles. Autre signe de précarisation : 9 100 étudiants ont bénéficié en janvier 2021 d’une aide spécifique ponctuelle attribuée par les services sociaux des Crous en cas de situation d’urgence ou de détresse avérée, soit une hausse de 39 % par rapport à janvier 2020, a souligné vendredi la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques.