Var-Matin (Grand Toulon)

Le cercueil de leur mère «abandonné» près des poubelles

Six-Fours Jess, qui a dû faire appel aux pompes funèbres locales Last, est sous le choc. Elle a découvert le cercueil de sa mère, laissé seul sur un muret, juste avant l’inhumation.

- LAURY HOLSTE lholste@nicematin.fr

‘‘ Le cercueil était tout seul posé près des poubelles.” ‘‘ Nous voulons simplement des excuses.”

La dernière image qu’elle garde de sa mère, c’est celle de son cercueil, seul, posé sur un muret près des poubelles du cimetière de Saint-Jean-Bonnefonds, près de Saint-Étienne. Jess, 34 ans, est toujours sous le choc. La trentenair­e n’arrive pas à se remettre de cette vision. Après avoir grandi sans sa mère, atteinte d’une maladie ne lui permettant pas d’être en contact avec ses enfants, Jess essaie de retrouver la trace de cette dernière après être devenue maman. C’est finalement son père qui lui apprend la nouvelle du décès de sa mère après le rejet du virement mensuel qu’il effectuait à son ex-épouse, motif : « personne décédée ».

Jess fait alors des recherches et remonte jusqu’à une maison de retraite à Toulon. « Nous avons appris le décès de ma mère, Michèle, le 27 décembre, explique Jess.

Dès le lendemain, j’ai retrouvé la trace de ma maman qui était prise en charge par la merveilleu­se équipe de la maison de retraite des Petites soeurs des pauvres à Toulon. C’est là que j’ai appris que la mort de ma mère remontait à octobre. »

L’entreprise devait s’occuper du transfert des fleurs

À la lumière de cette nouvelle, Jess décide d’entreprend­re les démarches pour que sa mère repose auprès des siens dans le caveau familial, situé près de Saint-Étienne. « Ma mère avait une assurance obsèques et donc son enterremen­t avait été pris en charge. Les Petites soeurs des pauvres m’ont mis en contact avec les pompes funèbres Last, à Six-Fours, qui s’étaient occupées du corps de ma mère. On a entrepris les démarches pour récupérer le cercueil qui avait été mis dans une case au cimetière de Toulon et pour le transférer .» La famille s’organise avec les SixFournai­s et tombe d’accord sur une date de transfert fixée fin janvier.

« Il faut savoir que seul les pompes funèbres locales peuvent procéder à l’inhumation, donc l’entreprise de Six-Fours devait s’occuper du transfert, des fleurs et le relais était pris sur place », précise la fille de Michèle. Le 27 janvier dernier, accompagné­e de sa soeur Lucie et de sa tante, la jeune femme part donc enterrer sa mère au caveau familiale dans la Loire. Les deux soeurs prennent le train depuis Marseille pour se rendre au cimetière où l’inhumation est prévue à 16 h 30. Arrivées sur place à 16 heures, elles découvrent l’impensable. « On est arrivé à 16 h 05 pour pouvoir accueillir le cercueil de maman et pour être là lors du transfert entre les pompes funèbres de Six-Fours, explique Jess. À notre arrivée, nous étions pétrifiées. Le cercueil était bien là mais tout seul posé sous une bâche noire sur un petit muret près des poubelles. Nous étions en état de choc, le gardien nous a vus, il était extrêmemen­t gêné. Je pleurais, je hurlais de douleur, comment peut-on faire ça, abandonner un cercueil comme ça, comme si ce n’était rien ? » Un tableau extrêmemen­t douloureux que la famille n’arrive pas à réaliser. Face à la scène, Jess va voir le gardien du cimetière pour essayer de comprendre.

« Les pompes funèbres étaient arrivées en avance »

« Je suis allée les voir en courant pour essayer de comprendre ce qu’il venait de se passer. Le gardien m’a dit que dans sa carrière il n’avait jamais vu ça. Les pompes funèbres de Six-Fours étaient arrivées en avance aux alentours de 15 h 45, alors que le rendez-vous avec les pompes funèbres locales était convenu autour de 16 h 15. L’entreprise locale était retenue sur un autre enterremen­t et plutôt que d’attendre comme c’est coutume, les Varois ont décidé de mettre le cercueil dehors et ont dit au gardien qu’ils repartaien­t. » Et si la famille, grâce à la bienveilla­nce du gardien et des pompes funèbres locales, réussit finalement à enterrer dignement Michèle, l’affaire ne s’arrête pas là.

Une quarantain­e d’appels

« Nous avons contacté l’entreprise Last pour leur demander des explicatio­ns. Nous avons dû les appeler une quarantain­e de fois avant de réussir à les joindre pour finalement qu’on nous dise ‘‘C’est comme ça et puis c’est tout’’ et sans la moindre excuse pour avoir bafoué la dignité de ma mère .» Sur le retour, les deux soeurs envoient un SMS au responsabl­e pour leur indiquer leur mécontente­ment.

« Sa réponse méprisante était pire que tout. Il nous explique qu’il y avait des coulures de corps et des odeurs et que les autres pompes funèbres n’auraient pas pris un cercueil dans cet état. Précisant au passage qu’il y avait de telles odeurs nauséabond­es que même le chauffeur puait le mort. Comment peut-on parler comme ça d’un défunt à ses propres enfants ? Nous ne voulons pas de remboursem­ents, nous voulons simplement des excuses pour ce qu’ils ont fait à ma mère, pour ce qu’ils nous ont faits ! » La famille envisage désormais de porter plainte.

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(Photo DR) Le cercueil de Michèle avait été laissé dehors par les pompes funèbres.

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