Pluies-inondations : des épisodes plus fréquents et plus extrêmes
Philippe Gourbesville, professeur en hydrologie et directeur de l’école Polytech’ Nice Sophia, au lendemain des inondations d’octobre 2015.
« Quand on construit, il faut bien sûr exclure les zones inondables, mais il faut aussi aller au-delà des recommandations, préconise Philippe Rossello, du Grec-Sud, car les zones inondables seront plus vastes demain avec l’intensification des événements extrêmes. »
Les « zones humides » sont essentielles
Les experts prônent aussi la préservation des espaces qui permettent à l’eau de s’infiltrer dans la terre. À ce titre, les « zones humides », comme les marécages, sont essentielles pour absorber une partie des crues.
Si pour limiter les risques, les villes construisent des bassins de rétention, pour faire tampon quand le réseau d’écoulement des eaux pluviales sature, ces actions pourraient dans certaines
La tempête Alex, qui a dévasté le 2 octobre 2020 les vallées de la Vésubie et de la Roya, a surpris par sa violence, et la quantité d’eau (500 mm en une journée) qui s’est abattue sur le haut-pays. En décembre 2019, deux épisodes méditerranéens ont meurtri l’Est Var. Le 3 octobre 2015, un déluge s’est abattu sur les Alpes-Maritimes. Piégées en voulant récupérer leur voiture, emportées par les crues de la Brague, du Riou en furie, 20 personnes ont péri à Antibes, Biot, Cannes, Mandelieu…
« Les dégâts seront encore plus importants »
« Avec le réchauffement climatique, nous assistons à une augmentation de la fréquence et de l’intensité (c’est-à-dire le cumul sur une journée) des pluies extrêmes. Les projections climatiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat
zones sensibles ne pas suffire face aux phénomènes extrêmes. C’est le cas au hameau de La Brague à Biot. Situé dans un méandre du fleuve, le lotissement, construit dans l’axe d’écoulement de la rivière, a été durement touché durant les inondations de 2015. L’eau y a atteint deux mètres de hauteur dans certaines habitations. Ces constructions ont participé au débordement du cours d’eau. Rachetées par la communauté d’agglomération Sophia Antipolis, la démolition de ces maisons a commencé en mars 2021. Elle va permettre de restaurer le cours d’eau, en favorisant l’écoulement, et de réaménager les berges, sécurisant ainsi tout le secteur.
En 2022, l’opération de « renaturation » sera lancée, avec, au programme, une consolidation du talus naturel, l’aménagement de jardins familiaux sur l’ancien Hameau de la Brague, des cheminements piétonniers… (GIEC) indiquent que ces pluies intenses s’intensifieront quel que soit le scénario socio-économique. Ces prochaines décennies, on peut s’attendre à des quantités supérieures à 500 mm dans les Alpes-Maritimes et le Var, donc les dégâts seront encore plus importants », alerte Philippe Rossello, géographe, coordinateur et animateur du Grec-Sud. Très urbanisée la Côte d’Azur est particulièrement vulnérable au risque inondation. « Les régions méditerranéennes ont connu une forte densification de la population et une extension des zones urbanisées dans les dernières décennies, augmentant ainsi l’exposition au risque de crue », soulignent des chercheurs du CNRS.
Demain, les crues centennales seront plus fréquentes : « Elles n’interviendront plus une fois par siècle mais se produiront toutes les décennies, on pourra même y être soumis à 2 reprises la même année. »