Var-Matin (Grand Toulon)

« La cour juge des faits, pas du complotism­e »

Présenté sur les réseaux sociaux comme un martyr du complotism­e, le Toulonnais Johan Livernette a été jugé en appel pour des violences conjugales.

- E. M.

Non, Johan Livernette n’est pas un « prisonnier politique ». La cour d’appel d’Aix-en-Provence a confirmé ce mercredi la culpabilit­é de ce quadragéna­ire condamné à Toulon, le 5 février dernier, pour deux épisodes de violences sur son ex-compagne. Cette affaire avait provoqué une vague de réactions indignées sur les réseaux sociaux où le prévenu, intégriste catholique assumé, jouit d’une certaine aura. Une « cagnotte de charité » avait même été lancée, récoltant plus de 12 000 euros. « Tous ces gens qui pensaient venir en aide à un écrivain, ont en fait payé pour quelqu’un qui a battu sa femme », a commenté Me Olivier Hasenfratz, aux intérêts de la victime dont il a décrit le calvaire.

Ainsi, les partisans de M. Livernette ont-ils estimé que ce Toulonnais, auteur de publicatio­ns dénonçant un « complot judéo-maçonnique » ou plus récemment une « dictature sanitaire », payait le prix de ses « opinions ».

« Tirage de cheveux »

Mais les magistrats du Palais Monclar à Aix se sont bien gardés de s’aventurer sur ce terrain-là. «La cour juge des faits commis le 5 décembre et le 23 décembre, elle ne juge pas des faits de complotism­e. Il faut s’en tenir aux faits », a posé l’avocat général dans son réquisitoi­re.

Des faits qui s’inscrivent dans le contexte d’une séparation houleuse, après treize ans de vie commune, alors que le couple a deux enfants.

« Il n’y a eu aucune violence de ma part (...) Je savais qu’on me tendait un piège » ,a clamé Johan Livernette, en contradict­ion avec le témoignage de son ex-compagne. Pour se forger son opinion, la juridictio­n d’appel s’est notamment appuyée sur des messages, adressés à la victime, dans lesquels le prévenu s’excuse pour «le tirage de cheveux » et pour «le pétage de plombs ».

« Traits paranoïaqu­es »

Les expertises ont également pesé dans ce dossier. Selon des psychiatre­s, le prévenu présente « une personnali­té psychorigi­de aux traits paranoïaqu­es », tandis que la victime ne montre pas de signe d’affabulati­on.

En défense, Me Carole Romieux a plaidé la relaxe au bénéfice du doute, et a mis sur le compte de l’attitude « provocatri­ce » de la victime le comporteme­nt de son client. « Il n’a fait que la repousser. »

Johan Livernette a finalement été condamné à dixhuit mois de prison dont six assortis d’un sursis probatoire. Il a été maintenu en détention.

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(Photo doc Luc Boutria) L’entrée du Palais Monclar à Aix-en-Provence.

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