Des vacances à moindre coût pour les familles précaires
Nina, mère célibataire aux revenus modestes, a pu bénéficier d’une semaine d’évasion dans l’Hérault, à l’image d’autres familles épaulées par des associations.
Nous avons vécu un moment inoubliable ». Nina a bénéficié d’un séjour gratuit proposé par l’association Parents Vacances. Celle-ci met à disposition des maisons prêtées par des particuliers pour permettre à des familles précaires, sélectionnées par l’organisation Habitat et Humanisme Rhône, de s’éloigner du traintrain quotidien, le temps d’un court séjour. Piscine, trampoline, babyfoot, table de ping-pong...
« La maison était super, raconte Nina. Elle était à la campagne, proche des lacs et à 40 minutes de la mer. Et l’accompagnement des propriétaires était vraiment touchant ».
La France compte près de trois millions de résidences secondaires et deux Français sur quatre ne partent pas en vacances, indique Bertrand Hartmann, président de Parents Vacances, association créée en 2019. Depuis cette date, elle a déjà fait partir 25 familles, soit une centaine de personnes, selon son président.
« Un enrichissement réciproque »
Chaque année, depuis trois ans, Emmanuel Legeron prête ainsi sa maison sur la côte normande pour une semaine. « C’est un enrichissement réciproque, reconnaît-il, et une bonne façon de garder les pieds sur terre ». Il organise toujours un repas avec la famille à l’arrivée pour « apprendre à les connaître et les orienter lors de leur séjour ».
Membre du comité exécutif d’Europe Assistance France, qui assure les propriétaires et les familles pour l’association, Emmanuel Legeron a par ailleurs remarqué que les locataires sont très respectueux des lieux. « Beaucoup plus que dans une location classique », souligne-t-il. Bénéficiaires du RSA, d’aides de la CAF ou connues pour leurs difficultés financières auprès de structures locales ou de fédérations départementales, des familles peuvent se voir proposer des vacances à moindre coût grâce à différents dispositifs associatifs. L’association Les Vacances Solidaires (LVS) travaille ainsi avec des opérateurs touristiques (comme Pierre et Vacances, qui propose 1 100 séjours) acceptant d’accueillir ces familles afin d’encourager le brassage social.
« Le droit aux vacances pour tous »
« Les tarifs commencent à 75 euros la semaine et nous proposons plus de 200 destinations », explique JeanClaude Louchart, directeur et cofondateur de l’association.
« Depuis 1998, la loi contre les exclusions instaure le droit aux vacances comme un droit fondamental, au même titre que l’emploi, la santé et le logement », précise Jean-Claude Louchart, qui plaide pour «ledroit aux vacances pour tous ». Yao Kouadio, commercial de 46 ans, est parti l’année dernière à Blainville-surMer, en Normandie, avec sa femme et trois de ses enfants grâce à LVS. « Les tarifs sont vraiment abordables. Il y a des activités sur la plage pour les enfants, et aussi pour les adultes, comme des excursions, de la gym aquatique et de la danse. On s’est fait de bons amis », témoigne-t-il. « Avant, on passait nos vacances à Paris, dans un appartement de 78 m². On restait dans l’ennui du quotidien, entassés les uns sur les autres. On avait vraiment besoin d’évasion », reconnaît-il.
Ce type d’échappée, Vacances et Familles le propose aussi. Implantée depuis près de 60 ans dans sept régions, cette association facilite le départ de quelque 1 100 familles chaque année.
Elle étudie les différentes possibilités de financements ouvertes aux familles pour que leur reste à charge soit minime. Au final, les bénéficiaires payent entre 100 et 200 euros pour des séjours d’une à deux semaines vers 300 lieux de séjour (villages vacances, appartements, maisons, mobile-homes).
La gratuité n’est pas un objectif. « Quelle fierté pour une maman qui élève seule ses enfants de se dire qu’elle a réussi à leur offrir des vacances », se réjouit Arwa Zarraa, responsable de la communication et des partenariats privés chez Vacances et Familles.
Pour le Secours populaire, qui organise à grande échelle des Journées des oubliés des vacances (à la plage, dans des parcs animaliers, d’attraction...), une participation est toujours demandée, même si ce n’est que pour payer le ticket de bus. « C’est une question de dignité », insiste son secrétaire national, Christian Lampin.