Triple saut : c’est l’heure pour Rouguy Diallo
Impossible d’échapper à l’excitation. De ne pas se laisser grignoter par l’impatience. Les athlètes de talent suscitent attentes et espoirs chez leurs suiveurs. Une caste dont fait partie Rouguy Diallo. La Niçoise de 26 ans, formée à l’ASPTT Toulon-La Valette, découvre les Jeux aujourd’hui à la mijournée (12 h 05), mais n’y voyez pas une fin en soi. Ce premier pas sur l’Olympe est davantage une promesse.
À l’heure d’avaler les qualifications du triple saut, en ouverture des épreuves d’athlétisme et dans un stade national dépourvu de public, Rouguy Diallo ne connaît pas ses limites. La championne du monde juniors 2014 est dotée d’un potentiel certain, mais personne ne sait où il la portera.
Tamgho : « Elle est connectée »
Alors qu’elle a claqué son record personnel à Madrid (14,51 m) fin juin, la pensionnaire du Nice Côte d’Azur Athlétisme en a encore sous le pied. Peut-elle se rapprocher des 14,70 m à Tokyo ? Teddy Tamgho, son coach depuis huit ans, le souhaite ardemment. « Son niveau physique et technique est audessus des 14,51 m réalisés à Madrid », pose le champion du monde 2013. Retomber dans les mêmes eaux que sa meilleure marque suffirait à Rouguy Diallo pour entrer en finale et faire partie du top 12. Reste qu’elle voit plus loin. « Elle est consciente que si elle veut avoir de belles places aux Jeux, il va clairement falloir dépasser ses 14,50 m. Une perf’ pareille suffirait pour entrer dans le top 8 en finale, mais je connais Rouguy et elle est plus ambitieuse que ça. Elle vise mieux. Je ne sais pas si elle est détendue, mais elle est connectée. C’est une bonne nouvelle. »
Derrière l’intouchable vénézuélienne Yulimar Rojas, qui devrait s’arroger l’or et s’est approchée à 7 cm du record du monde de l’Ukrainienne Inessa Kravets (15,50 m, 1995), il y a de la place. « C’est la bagarre. Huit filles peuvent prétendre aux médailles », souffle Tamgho.
À 100%
Forfait de dernière minute aux championnats de France Élite à Angers en juin, puis au meeting Herculis de Monaco en juillet, sa protégée avait préféré se préserver. Mais pas d’inquiétude, le coach l’affirme, elle est à 100 %. « Elle n’était pas blessée et va très, très bien, jure l’ex-recordman du monde en salle. Elle a juste mal géré la chaleur à Madrid et a souffert de crampes au mollet et à l’ischio. Celle à l’ischio était la plus dérangeante. La courbature est restée un moment et on n’a pas pris de risque. » Aujourd’hui et dimanche (finale à 13 h 20), tout se jouera sur le dernier bond. « C’est la clé, imagine Tamgho. Le secteur dans lequel Rouguy peut progresser. Elle est capable d’envoyer un gros cloche-pied et une belle foulée bondissante. À elle désormais d’aller vite pour réaliser un grand dernier saut. »