Comment piéger la mouche orientale ?
Après la découverte de 5 insectes dernièrement à Hyères, une trentaine de pièges est en cours d’installation sur le secteur pour savoir s’il s’agit d’un cas isolé ou d’une implantation plus durable.
Bactrocera dorsalis. Un nom qui peut faire peur, et beaucoup de dégâts. Pas sur les humains, mais sur les fruits et légumes qu’ils consomment au quotidien. Plus connues sous le nom de mouche orientale des fruits, cinq « bactrocera dorsalis » ont été piégées à Hyères début août (voir notre édition du 25 août). Une première en région Paca, dont on se serait bien passé quand on voit les ravages qu’elle peut engendrer sur les récoltes. Capable de s’attaquer à pas moins de 400 espèces de plantes dans lesquelles elle pond avec, à la clé, le pourrissement complet du fruit, dévoré de l’intérieur par les larves.
L’Asie et l’Afrique peuvent en témoigner, ainsi que la Réunion où elle est désormais installée depuis 2017. Si sa présence avait été détectée en 2019 en région parisienne et en Occitanie, le sud-est de la France avait jusque-là été épargné malgré une présence chez nos voisins italiens depuis 2018.
pièges installés autour de Hyères
« Ce ravageur est surveillé chaque année. Des pièges sont disposés en Paca dans les endroits les plus stratégiques possibles », explique Aline Rocci, coordinatrice secteur arboriculture au Fredon Paca (Fédération régionale de défense contre les organismes nuisibles). Hier matin, accompagnée de deux techniciens, elle a fait le déplacement au lycée agricole pour installer un nouveau piège afin de contrôler au mieux la présence de ce ravageur sur le territoire. Un choix d’implantation « doublement intéressant pour le lycée pour l’aspect pédagogique et expérimental », indique Magali Bertora, directrice de l’exploitation agricole à Agricampus.
28 pièges à base de phéromones et d’eau savonneuse vont ainsi être déposés dans les 7,5 kilomètres autour du lieu de capture, « aux endroits les plus à risque, où il y a encore des cultures, poursuit-elle. L’objectif est d’anticiper. Pour le moment nous n’avons eu qu’une incursion. On met des pièges pour surveiller l’évolution. »
Relevés tous les jours
Les alentours de champs des figues de Solliès ont ainsi été ciblés ainsi que plusieurs exploitations maraîchères du secteur, et le lycée agricole, entre les rangées de figuiers et de plants de courges...
Tous les dix jours jusqu’au mois d’octobre, le Fredon viendra vérifier si des « bactrocera dorsalis » ont été piégées.
« Si quelque chose est trouvé, c’est envoyé au laboratoire de référence pour confirmation, puis le SRAL (Le Service régional de l’alimentation) prend le relais. »
Un scénario que les autorités souhaiteraient éviter tant cette petite mouche de quelques millimètres à peine peut faire des dégâts. « Elle est très dure à éradiquer et pond énormément d’oeufs, souligne Aline Rocci. Elle n’a pas de prédateurs à ce jour. Des recherches en prophylaxie sont en cours pour parasiter les larves », mais pas encore assez efficaces pour en venir à bout. Autant dire que du côté des autorités et des agriculteurs on croise les doigts en espérant que la découverte de début août n’ait été qu’une incursion passagère et pas une implantation durable.