L’intérieur des terres tente de suivre le rythme, malgré des freins
Dans le Var, le taux de vaccination oscille en fonction du territoire. Si l’on se penche sur les chiffres de première injection, le nord-ouest du département semble à la traîne avec 52,7 % de primovaccinés. Une donnée qui semble loin de la soixantaine affichée par les intercommunalités du littoral dotées de centres de vaccination. Mais pourquoi y a-t-il autant de différence ?
En Provence Verdon, pas l’ombre d’un centre de vaccination. Il faut se rendre à Brignoles, Saint-Maximin, voire au Luc. Une seule action d’une semaine dans une salle de la commune de Barjols et un bus de la MSA (sécurité sociale agricole) ont dopé les injections. Les habitants doivent se remettre aux circuits courts : médecin, pharmacie ou infirmière. Mais à des kilomètres d’écart. Cette organisation fonctionne, mais ne permet pas de vacciner à tour de bras. Ou alors il faut prendre la voiture et aller jusqu’à Aups, ou dans les Alpes-deHaute-Provence.
Cadence limitée
À Barjols, un des bourgs dynamiques de l’intercommunalité, plusieurs fois par semaine, la Pharmacie Principale vaccine en fonction du nombre de flacons reçus. Les petites pièces permettent d’improviser un mini-vaccinodrome. Questionnaire, piqûre et période d’observation se font aux quatre coins de la boutique, au milieu des crèmes et autres comprimés. Ces derniers jours, un peu tous les âges viennent chercher leur sérum de Moderna, Janssen ou AstraZeneca. « Nous faisons des demi-journées quand l’effectif le permet, décrit Catherine Lanza, pharmacienne. Ça nous demande une logistique particulière puisque l’on doit trouver 10 personnes d’un coup. » La pharmacienne vaccine et une préparatrice gère l’administratif. « On est venu faire quatre courses et on en profite, commente Aimé Boudillon, retraité venu de FoxAmphoux. J’ai enchaîné les opérations alors dès que j’ai pu, je suis venu le faire dans ma pharmacie. J’ai emmené mon épouse vu qu’on fait tout ensemble. »
Au téléphone, un créneau se libère. On passe immédiatement des coups de fil pour proposer à de nouveaux candidats.
Malgré cette organisation maison, les pharmacies restent limitées à pas plus de deux flacons (20 vaccins) par semaine. Les zones rurales se retrouvent ainsi bloquées par un plafond de verre. « C’est compliqué de faire plus, souligne la patronne. On exploite les commandes au maximum. Même avec une plus grande liste d’attente on ne pourrait pas faire plus. Et puis c’est très peu payé. Pour la même tâche, on touche trois fois moins qu’un médecin. » Dans une autre pharmacie du secteur, on hésite même à continuer vu la charge de travail. Ailleurs, on dépanne des flacons à des infirmières...
« Ils ne viennent pas pour la bonne raison »
Avec l’instauration du pass sanitaire, la demande n’a pas baissé, mais les patients sont moins enthousiastes. «Ence moment, un nouveau groupe de gens vient se faire vacciner, mais pas pour la bonne raison, pointe la pharmacienne. Ils me le disent. J’ai de plus en plus de gens stressés ou qui pleurent. »
Ce mercredi, un couple de restaurateurs vient faire la deuxième injection. AnneSophie Pairon a le sourire, mais reste pour autant contrariée : « On est contre ce vaccin, mais on n’a pas le choix. C’est une démarche personnelle. On n’a attendu qu’une semaine. Je connais des gens qui ont dû attendre 3 semaines en passant par un centre. Ici, c’est plus pratique et ça ne se fait pas à la chaîne. »
Cette offre de proximité ne s’adresse pas aux 12-18 ans, qui doivent eux passer dans des centres pour recevoir du Pfizer. Un frein de plus pour les zones rurales.
1. Chiffres au 15 août communiqués par l’Assurance maladie.