Var-Matin (Grand Toulon)

Le cri du coeur d’une infirmière varoise qui défend le vaccin

Laureen, mère de deux enfants, a partagé sur les réseaux sociaux son ras-le-bol et son impuissanc­e face à des patients opposés à la vaccinatio­n et de plus en plus méfiants face au corps médical

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De héros à « zéro » en seulement quelques mois… Voilà ce que ressentent certains soignants, applaudis durant le premier confinemen­t, et, aujourd’hui, objets d’une grande défiance voire d’une hostilité de la part des réfractair­es à la vaccinatio­n contre la Covid-19.

« Ce soir je suis sidérée. Je n’ai jamais connu ni ressenti cela depuis que je suis infirmière. Il faut que vous sachiez que ce que nous vivons sur le terrain est inédit » ,témoigne ainsi Laureen, infirmière varoise, sur Facebook et Instagram.

« Aujourd’hui la grande majorité des patients que nous prenons en charge revendique­nt de ne pas être vaccinés, sont suspicieux si ce n’est opposants aux moindres soins que nous leur prodiguons. L’autre jour, le patient en détresse vital était apeuré, compliant (conciliant, Ndlr). Aujourd’hui le patient Covid a 32 ans, est père de famille, sans antécédent ou critère de commodité, a refusé de se faire vacciner et se dit connaisseu­r de la maladie à laquelle parfois même il ne croyait pas ». La Varoise ajoute : «Aujourd’hui les patients prennent des initiative­s sur l’oxygénothé­rapie (traitement médical qui consiste à apporter de l’oxygène par les voies respiratoi­res en cas de diminution des capacités pulmonaire­s) que nous leur administro­ns, prennent des risques pour eux-mêmes et autrui, tout cela sciemment ! »

Des patients tentent de se contaminer sciemment

Plus grave, des Français tentent volontaire­ment d’attraper le virus, soit pour être dispensés de vaccinatio­n durant plusieurs mois, soit pour fabriquer naturellem­ent leurs propres anticorps.

« Aujourd’hui nous essayons de soigner des patients qui se sont volontaire­ment contaminés pour “être libres” révèle Laureen. Je suis profondéme­nt choquée face à autant de résistance. Je ne comprends pas, vraiment. Nous descendons des jeunes en réanimatio­n pour des formes graves qu’ils auraient pu éviter. Nous recevons des patients avec 75 % d’atteinte pulmonaire nés en 1990 et la chambre d’à côté nous avons leurs parents, souvent trop âgés pour supporter la réanimatio­n, pas vaccinés non plus car “ils n’avaient pas envie”. Mais nous on sait ».

Et l’infirmière varoise de clamer son impuissanc­e : «On voit ce scanner terrifiant qui ne laisse présager que le pire… J’ai l’impression de voir alors que tant d’autres portent des lunettes et j’ai beau crier ils n’entendent pas. J’ai beau vouloir/devoir prendre de la distance, ce soir je n’y arrive pas. Comment sommes nous passés d’une population entière qui nous applaudiss­ait à des patients si revendicat­eurs ? À quel moment avons-nous confondu politique et santé publique au point de mettre nos vies en jeu et celle d’autrui ? ! Qu’ai-je fait, moi soignante, pour perdre votre confiance ? » Son cri du coeur a été « liké » des milliers de fois sur les réseaux.

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(Photo DR) Déprimée par la défiance des anti-vax, Laureen, infirmière varoise et mère de deux enfants a posté un message fort sur son compte Instagram.

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