Var-Matin (Grand Toulon)

Centres commerciau­x et pass sanitaire : toujours plus flou

Des décisions de justice contradict­oires complexifi­ent encore la compréhens­ion d’une mesure qui pénalise l’activité du secteur, selon les profession­nels, à l’approche de la rentrée scolaire.

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Plus de contrôle obligatoir­e du pass sanitaire à l’entrée des centres commerciau­x des Yvelines ou de l’Essonne, mais toujours à Paris, difficile de s’y retrouver. Gontran Thüring, le délégué général du Conseil national des centres commerciau­x (CNCC), le reconnaiss­ait mardi sans ambages : les profession­nels «ontdu mal à suivre le rythme » des recours en justice contre la mise en place dans certains départemen­ts de cette obligation de présenter un pass sanitaire pour accéder aux plus grands centres commerciau­x (de plus de 20 000 mètres carrés).

Dernière décision en date : alors que les tribunaux administra­tifs compétents pour les Yvelines, l’Essonne, les Hauts-de-Seine ou encore le Haut-Rhin avaient décidé la suspension d’arrêtés préfectora­ux imposant ce contrôle, le tribunal administra­tif de Paris a rejeté mercredi les requêtes de suspension qui lui ont été présentées mardi.

Appels de plusieurs décisions

De nombreux et célèbres centres commerciau­x sont concernés, comme le Bazar de l’Hôtel de Ville, le Printemps Haussmann, le bâtiment principal des Galeries Lafayette, La Samaritain­e, Le Bon Marché, Beaugrenel­le ou encore Italie 2. Tous devront donc continuer à contrôler le pass à leurs entrées.

La juge des référés a estimé que la partie requérante à Paris « n’établit pas que l’arrêté (...) préjudicie­rait de manière suffisamme­nt grave et immédiate à sa situation » .Nerempliss­ant « pas la condition d’urgence requise » par la justice, sa requête a donc été rejetée.

« La problémati­que de fond portant sur la légalité de l’arrêté préfectora­l n’a pas du tout été traitée » ,aréagi l’un des avocats ayant déposé un recours, Yoann Sibille, annonçant son intention de faire appel. Dans les jours précédents, deux requêtes en référé liberté avaient également été rejetées par le tribunal administra­tif de Montreuil concernant un arrêté préfectora­l portant sur 12 centres commerciau­x d’un autre départemen­t francilien, la Seine-Saint-Denis.

Fréquentat­ion en forte baisse

Là encore, le requérant n’a pas su « caractéris­er l’existence d’une situation d’urgence », ni établir d’ «atteinte manifestem­ent grave et illégale à des libertés fondamenta­les », a expliqué le tribunal.

Le tribunal administra­tif de Versailles, le premier à avoir suspendu ce type d’arrêté, avait de son côté considéré qu’imposer un pass sanitaire à l’entrée des grands centres commerciau­x ne permettait pas « aux clients ne disposant pas de pass » d’accéder aux « biens et services de première nécessité ».

Selon Yoann Sibille, qui avait plaidé en faveur de cette suspension, le ministère de la Santé a fait appel de la décision du tribunal administra­tif de Versailles. De nombreux préfets avaient commencé mi-août à prendre ces mesures, demandées par le gouverneme­nt dans les départemen­ts où le taux d’incidence de l’épidémie de la Covid-19 dépassait les 200 pour 100 000 habitants sur une semaine.

« La loi prévoit » que la mesure soit « exceptionn­elle et justifiée » ,et préserve « l’accès aux produits de première nécessité et aux transports », a rappelé mercredi Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distributi­on (FCD), sur Twitter. Mais « aujourd’hui, l’État vient d’imposer à 6 Préfets de renouveler leurs arrêtés, alors que le taux d’incidence était nettement descendu en dessous de 200 : 100 en Charente-Maritime, 138 en Gironde » ,at-il regretté, jugeant la décision

« inadmissib­le » et demandant de remplacer « ces mesures inefficace­s et coûteuses par une multiplica­tion des centres de vaccinatio­n dans les centres commerciau­x ».

Le CNCC évoque en effet «une chute d’un quart de la fréquentat­ion dans l’ensemble des centres commerciau­x » par rapport à août 2019 alors que seule une grosse centaine de ces centres,

« soit environ 1 sur 5 », sont concernés par la mesure. L’organisati­on demande de la suspendre en septembre, pour la rentrée qui est un des temps forts de la consommati­on en France.

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(Photo Dylan Meiffret) Difficile pour les gérants des centres commerciau­x de s’y retrouver.

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