Var-Matin (Grand Toulon)

Ils accusent un homme de pédophilie et l’agressent

Depuis plusieurs mois, une mère de famille prétend que son ex-conjoint viole leurs filles. Avec son actuel compagnon, ils l’ont agressé en pleine centre-ville à Draguignan.

- V. W.

Damien C. est fou d’amour. Fou tout court ? Si l’expert psychiatre n’a décelé chez lui aucune pathologie, il semble bien ne pas avoir toutes ses facultés dès lors qu’il s’agit des jumelles de sa compagne, Delphine, issues d’une précédente relation avec Jacques H.. « Je les considère comme mes filles, et je cherche à les protéger, elles et Delphine. Vous savez, quand une enfant de cinq ans vous dit qu’elle ne veut plus aller chez son géniteur parce qu’il la force à ouvrir les jambes...» À la barre du tribunal correction­nel de Draguignan, Damien éclate en sanglots. Tremble de tous ses membres. Et s’énerve. «Onaporté plainte, mais les gendarmes ne nous écoutent pas ! C’est un pédophile et personne ne bouge. Lui, il fait tout pour nous faire péter les plombs. Des gens passent toutes les nuits devant notre maison, jettent des cailloux, cassent les fenêtres... Et moi, on me traite de psychopath­e...»

Faux courrier, vrai tract diffamatoi­re

Au parquet de Draguignan, aucun dossier n’existe concernant des viols sur les filles de Delphine D. En revanche, il y a en un portant sur des violences avec préméditat­ion commises par ce couple de toxicomane­s sur Jacques H.. Une agression ayant eu lieu en pleine journée le 15 septembre dernier à l’intersecti­on de l’avenue Carnot, du boulevard Clemenceau et de la rue Labat, à Draguignan. «Une bousculade » accompagné­e d’insultes dont Jacques H. se relèvera avec une fracture du métatarse et une ITT de 30 jours. « Monsieur a dû voir trois médecins avant d’obtenir cette durée d’incapacité, note avec ironie l’avocate du couple, Me Juliette Bouzereau. On marche sur la tête ! »

Tout à leur obsession envers la victime, Damien et Delphine ont, selon l’accusation, profité d’un rendez-vous chez le juge aux affaires familiales pour tenter d’enlever Jacques, « dans le seul but de “l’éliminer” de la vie de ses filles ».

Douze mois d’emprisonne­ment

Pour cela, la prévenue n’aurait sciemment pas répondu à la convocatio­n pour « tomber » sur Jacques aux abords du tribunal. «Pas du tout, s’emporte la trentenair­e. Il a réussi à nous faire croire, par un faux courrier déposé dans notre boîte aux lettres, que le rendez-vous était à 11 h 30 alors qu’il était en réalité à 10 h 30. J’avais vraiment prévu de voir le juge, c’est moi qui avais entamé les démarches pour obtenir la garde exclusive de mes filles. Nous sommes arrivés en retard, et on l’a croisé dans la rue. Et là… On s’est énervés. »

Dans le box, Damien s’agite. S’entretient à haute voix avec sa compagne, qui comparaît libre, provoquant l’ire de la procureure Pauline Loine. « Si les gendarmes ne vous écoutent pas, ce qui m’étonnerait, il faut écrire au tribunal, lui réplique-t-elle. Vous n’êtes ni enquêteurs sociaux, ni juges, ni justiciers ! » Dans ce dossier «de la folie et du délire » selon l’avocate de la partie civile, Me Barbara Balestri – « où on va ensuite se vanter sur les réseaux sociaux de l’agression qu’on vient de commettre » – douze mois de prison, dont six de sursis probatoire avec obligation de soins et interdicti­on d’entrer en contact avec la victime, sont requis à l’encontre de Damien C. Le tribunal valide ce choix, condamnant également Delphine à six mois de sursis probatoire aux mêmes conditions. «Mais je ne faisais que la protéger », soupire Damien, secoué. Aujourd’hui, les jumelles ne vivent ni chez leur père, ni chez leur mère, mais dans une famille d’accueil. Seul Jacques H. possède un droit de visite médiatisé. « C’est bien la preuve que chez vous, Madame, entre les fêtes jusqu’à pas d’heure et la consommati­on de toxiques, les conditions ne sont pas réunies actuelleme­nt pour une éducation sereine », assène Pauline Loine.

Également poursuivis pour diffamatio­n, Delphine et Damien reviendron­t au tribunal judiciaire le 2 février prochain : à l’école du Val où étaient scolarisée­s les jumelles, ils distribuai­ent des tracts indiquant que Jacques H. était un dangereux pédophile...

 ?? (Photo doc D. M.) ?? L’agression a eu lieu à l’intersecti­on du boulevard Clemenceau, de l’avenue Carnot et de la rue Labat, à Draguignan.
(Photo doc D. M.) L’agression a eu lieu à l’intersecti­on du boulevard Clemenceau, de l’avenue Carnot et de la rue Labat, à Draguignan.

Newspapers in French

Newspapers from France