Var-Matin (Grand Toulon)

En mémoire de leurs aïeux combattant­s en -

Pour l’anniversai­re de l’armistice, des Craurois présentent de vieilles photos illustrant leurs arrièregra­nds-parents pendant la guerre. L’occasion de transmettr­e cette mémoire aux plus jeunes.

- Y. S.

Cent trois ans après le 11 novembre 1918, que reste-t-il des soldats craurois ? Leurs propres enfants ont disparu ou arrivent au crépuscule de leur vie. Leurs reliques matérielle­s et leur histoire sont désormais entre les mains des génération­s suivantes, devenues les garantes de la mémoire.

« Mes grands-pères étaient dans le même régiment »

Si les objets demeurent rares, la plupart des familles conservent des photos défiant le temps. C’est le cas de Yolande, une Crauroise pur jus : « Félix Faury et Marius Giraud, mes grandspère­s, se connaissai­ent. Et pour cause, ils habitaient à cent mètres de l’un de l’autre ! Bien avant que leurs enfants ne se marient, ils eurent en commun d’être dans le même régiment et d’en revenir indemnes », raconte leur petite-fille qui, parmi les documents, possède une photo de groupe où les deux hommes figurent. Dans des pochettes et des classeurs, Vinciane conserve avec soin de vieilles photos familiales. Tombée à l’adolescenc­e dans la généalogie, elle a tôt pris conscience de la valeur de ces clichés dont elle a hérité à la mort de sa grand-mère. Depuis, elle s’évertue à reconstitu­er les vies de ses aïeux qui, caractéris­tique d’une génération, n’étaient guère bavards. Parmi les documents, les photos d’un militaire dans des paysages arides. Cet homme de haute taille, c’est Jean-Baptiste Sénès, son arrière-grandpère. Grâce à ses recherches, elle peut évoquer la guerre sous un aspect moins connu : « Ses parents étaient boulangers à La Crau. Père de deux enfants, employé de banque à Hyères, son père passa la guerre au Maroc au sein du 113e Régiment d’Infanterie Territoria­le qui, remplaçant les troupes locales, assura notamment le service d’ordre et vit ses effectifs disséminés pour tenir des postes isolés contre des fractions dissidente­s, assurer la sécurité des voies de communicat­ion, la garde des camps de prisonnier­s allemands, la constructi­on de pistes et de routes, la protection de tribus ».

« À son retour de la guerre, son fils ne l’a pas reconnu »

Puis les souvenirs de famille complètent l’histoire officielle : « Sa femme avait mis un portrait de lui dans la maison mais, malgré tout, à son retour à l’âge de 40 ans, son fils ne l’a pas reconnu. Mon arrière-grand-père n’a jamais adhéré à une associatio­n d’anciens combattant­s. Peutêtre pensait-il que, n’ayant pas connu les mêmes dangers que ses camarades en Europe, il ne souhaitait pas usurper un titre qu’il estimait ne pas mériter. En revanche, il garda de son séjour une sincère affection pour les Marocains qu’il côtoya pendant quatre ans ».

Apparenté à la famille Bouffier, Jean-Baptiste revint fréquemmen­t dans son village natal jusqu’à sa mort en 1960.

L’école et le foyer restent les premiers lieux de transmissi­on de la mémoire. Quand l’institutri­ce a expliqué pourquoi le 11 novembre était férié, la notion de guerre de 1914-18 a fait son entrée dans l’esprit des élèves. Scolarisée en CE2, Juliette a voulu en savoir davantage et a ainsi fait connaissan­ce avec son aïeul Émile. Elle a assisté hier aux commémorat­ions de l’Armistice.

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(Photo Y. S.) Vinciane compte bien transmettr­e ces vieilles photos à ses enfants, un patrimoine qui constitue leur histoire familiale dans la grande Histoire.
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Jean-Baptiste Sénès (-) pendant la guerre.
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