Var-Matin (Grand Toulon)

Abattoir tagué : des militants animaliste­s varois à l’amende

À Puget-Théniers, trois trentenair­es, défenseurs varois de la cause animale, avaient peint des slogans sur l’abattoir. Ils devront régler, entre autres, la facture du nettoyage, soit 2 600 €.

- CHRISTOPHE PERRIN chperrin@nicematin.fr

Les slogans avaient été peints en rouge et noir sur les murs de l’abattoir du Mercantour, le long de la RN 202 à Puget-Théniers : « Il n’existe pas d’espèces inférieure­s », « abolition », « êtes-vous à ce point égoïste que votre plaisir gustatif justifie un tel massacre ? » Pas de quoi fouetter un chat mais l’action, de nuit, par un commando encagoulé provoque, à l’époque, l’émoi dans la commune. Nous sommes le 28 décembre 2018, en plein mouvement des Gilets jaunes. Des actions radicales de militants antispécis­tes inquiètent également les autorités. Des boucheries n’ont-elles pas subi des dégradatio­ns ? La gendarmeri­e prend l’affaire de Puget au sérieux et emploie les grands moyens à la surprise de Laurent, un ouvrier varois : « J’ai vu débarquer quinze gendarmes armés devant mes patrons ! J’avais lancé en parallèle une société de photograph­ie. Ils m’ont tout saisi. Je n’ai pu honorer les contrats. Ma société a périclité. »

« Je garde mes conviction­s »

À l’époque David, membre de l’associatio­n 269 Life, était censé immortalis­er avec son appareil les actions militantes pour les diffuser ensuite dans la presse. Le commando récidivera un mois plus tard dans un abattoir d’Apt. Quatre participan­ts aux « tagages » ont été identifiés. Trois comparaiss­aient mardi après-midi devant le tribunal correction­nel de Nice. David prévient : « C’est de la peinture à l’eau, un coup de brosse, d’arrosoir et c’est terminé. Je ne vais pas être dans la contrition. » Le président Christian Legay le rassure : « On n’est pas à l’église. » « Au final cette action a détruit ma vie profession­nelle, poursuit David. Elle n’était pas pertinente pour faire avancer la cause animale. Je garde mes conviction­s mais pour moi, les victimes sont toujours dans l’abattoir. » Le président Legay rappelle que « manifester n’est pas illégal mais dégrader volontaire­ment un bien qui appartient à autrui, c’est différent. »

Emilie, secrétaire, ancienne adhérente de L214, associatio­n qui dénonce régulièrem­ent les conditions d’abattage des animaux d’élevage, est désormais bénévole à la SPA. Elle a pris de la distance avec la mouvance antispécis­te. Laurent, artisan dans le bâtiment, confirme, mains dans les poches, sa présence sur place sans donner davantage de précision sur son rôle et ses motivation­s. «Iln’ya pas de victimes ici. Ni nous ni d’autres », se contente-t-il de remarquer.

« Action concertée et préméditée »

Le directeur de l’abattoir géré par un syndicat mixte, présente la facture du nettoyage : 2 600 euros, « un coût supporté par les contribuab­les », précise-t-il. Marine Uetwiller, procureure, évoque « une action concertée, préméditée » et requiert 120 jours-amendes à 10 euros ainsi que la saisie des talkies-walkies qui seront attribués au service d’enquête. Me Mohamed Bourguiba, défenseur de David, insiste pour que la condamnati­on ne soit pas inscrite au casier judiciaire de son client qui souhaite devenir professeur des écoles. Le tribunal correction­nel a accédé à cette demande tout en condamnant les trois prévenus à 80 jours amende à 10 euros. Ils devront également rembourser la facture présentée par l’abattoir.

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(Photo DR) L'abattoir de Puget-Théniers avait été la cible de militants antispécis­tes.

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