Cannes : l’assaillant mis en examen pour tentatives d’assassinat
Lakhdar B., un Algérien de 37 ans qui a agressé un équipage de police secours devant le commissariat de Cannes, lundi à 6 h 35 du matin, a été mis en examen hier après-midi pour tentatives d’assassinat et violences volontaires sur quatre fonctionnaires dépositaires de l’autorité publique. Il avait poignardé deux policiers qui ont eu la vie sauve grâce à leur gilet pare-balles. La photo de l’arme que nous publions ci-contre, un couteau à la lame déformée d’une trentaine de centimètres, traduit la violence des coups portés. Opéré à deux reprises cette semaine après avoir été blessé par balles par les tirs de riposte, l’agresseur n’était pas en état d’être déféré devant le procureur de la République de Grasse. Ce sont donc les magistrats qui se sont déplacés après avoir reçu le feu vert du corps médical. Un procureur adjoint du parquet de Grasse et un juge d’instruction se sont rendus en début d’après-midi hier à l’hôpital Pasteur 2 à Nice, pour signifier à Lakhdar B. l’ouverture d’une information judiciaire et sa mise en examen. Un débat a également eu lieu devant le juge des libertés et de la détention, en présence de l’avocat du suspect, au sujet d’une mesure de détention provisoire. Au regard de la gravité des faits, le juge a suivi les réquisitions du parquet. Dès que son état de santé le permettra, Lakhdar B. sera donc transféré dans une unité carcérale hospitalière.
Une expertise psychiatrique plus poussée
Un premier examen psychiatrique de l’individu a conclu « à son entière responsabilité ». Le juge d’instruction devrait rapidement demander une expertise plus poussée. Pourquoi cet homme, qui travaillait ces derniers temps comme plombier, a-t-il fait mine de demander un renseignement avant de poignarder deux policiers ? Les motivations de l’agresseur qui a sauvagement attaqué les forces de l’ordre qui s’apprêtaient à partir en patrouille restent encore mystérieuses. En analysant les images de vidéosurveillance, il semble que l’individu ait eu l’intention de pénétrer dans le commissariat mais qu’il s’est ravisé en apercevant les policiers dans leur voiture. Son évocation du « prophète » ,de « la volonté de Dieu », peut laisser penser à un acte terroriste. Mais l’individu parle également de l’emprise d’un esprit malin, d’un « djinn », créature mythologique, qui a pu guider son comportement criminel.
Les enquêteurs de la police judiciaire de Nice n’ont pas, à ce jour, trouvé d’éléments accréditant la thèse d’une radicalisation ou d’une allégeance à une organisation terroriste. L’artisan, qui menait une vie discrète de célibataire à Cannes, ne s’est jamais fait remarquer et ses voisins étaient visiblement interloqués quand ils ont appris, lundi, que Lakhdar B. avait été interpellé.
Il a entièrement reconnu les faits, précisé qu’il ne connaissait pas ses victimes selon le procureur de la République de Grasse. La thèse, à ce stade de l’enquête, d’un acte solitaire est privilégiée.
Investigations en cours en Italie
Le parquet national antiterroriste attendait d’avoir des éléments tangibles pour se saisir du dossier. Il a finalement renoncé et laissé le procureur de Grasse garder la maîtrise du dossier. Du côté de la police judiciaire, la sous-direction antiterroriste a été co-saisie avec la brigade criminelle de Nice. Des investigations sont en cours en Italie où le suspect s’est installé dès 2009 avant d’obtenir un titre de séjour puis de s’installer à Cannes il y a cinq ans.
Les quatre policiers victimes de l’attaque, indemnes physiquement, sont toujours très choqués et n’ont pas repris leur travail.