L’électricité coupée pour impayés, c’est bientôt fini
À partir du 1er avril, EDF laissera toujours une puissance minimum, toute l’année. Engie dit travailler également sur le sujet.
C’est un problème qui touche 200 000 à 300 000 foyers chaque année, selon le Médiateur national de l’énergie : se voir couper l’électricité à cause d’impayés devrait bientôt appartenir au passé pour les clients d’EDF. C’était déjà le cas durant la trêve hivernale (1), mais pas le reste de l’année.
À la place, à partir du 1er avril 2022, le géant français de l’électricité limitera la puissance à 1 kVA, ce qui permettra d’avoir accès à des usages essentiels tels que le fonctionnement du réfrigérateur ou la recharge d’appareils électriques. Cette mesure « s’appliquera dans tous les cas, sauf s’il existe une impossibilité physique ou technique de limiter la puissance de l’alimentation électrique du logement », a ajouté le fournisseur historique, qui reste numéro un du secteur en France. Avant lui, le petit opérateur Plüm énergie avait ouvert la voie.
« Que les autres opérateurs suivent »
« On est évidemment très contents », s’est félicité Christophe Robert, le délégué général de la Fondation Abbé Pierre. « Maintenant, il faut que les autres opérateurs suivent. On espère aussi que, comme pour les coupures d’eau qui ont été abrogées en 2013, on passe à un moment par la loi pour protéger tous les ménages de ces pratiques que l’on considère comme indignes. »
Cette annonce intervient aussi deux jours après que le Médiateur national de l’énergie a pris position pour un droit d’accès minimal à l’électricité pour les foyers les plus précaires, et alors que les prix de l’énergie ont flambé au cours des derniers mois. « Sans électricité, pas de lumière, pas de chauffage, pas d’accès à internet, ni au téléphone. Il n’est pas acceptable, dans un pays comme la France, que des foyers puissent se retrouver dans une telle situation de précarité et de pauvreté », avait plaidé Olivier Challan Belval. EDF souligne qu’il privilégie déjà, depuis quelques années, le fait de limiter la puissance, ce qui selon lui a permis de réduire d’un tiers le nombre de coupures en cinq ans. Mais s’il domine le marché de l’électricité, le groupe n’est pas le seul fournisseur, et les autres grands concurrents n’ont pas encore annoncé avoir mis fin à la pratique des coupures. Engie, autre géant tricolore, dit toutefois travailler depuis plus d’un an sur le même principe. « Nous avons mené une expérimentation sur plus de 10 000 dossiers et avons eu des résultats encourageants. Nous travaillons donc pour déployer plus massivement cette méthode à partir du printemps prochain, à l’issue de l’actuelle trêve hivernale » ,a indiqué une porte-parole.
Le gaz pas concerné
La décision d’EDF ne s’applique par ailleurs qu’à l’électricité et non au gaz, car il n’est pas possible pour ce dernier de maintenir un service minimum : l’accès est soit ouvert, soit fermé, mais ne peut être réduit. Dans tous les cas, le fournisseur doit alerter le consommateur avant toute intervention pour impayés. «Il est donc important pour le consommateur de se manifester dès la réception d’un courrier ou mail de relance » et de convenir d’un « échéancier de paiement », rappelle le Médiateur, qui conseille d’alerter les services sociaux en cas de difficulté à payer. 1. Entre le 1er novembre et le 1er avril.