Var-Matin (Grand Toulon)

Elle habite dans une chapelle en plein coeur de Cannes

Monique Di Francesco a eu un véritable coup de coeur pour ce petit bijou architectu­ral, une chapelle du XVIIIe siècle, construite en 1870 par les moines de l’île de Lérins.

- MATHILDE TRANOY mtranoy@nicematin.fr

Depuis la très passante et commerçant­e rue des Belges, en plein centre-ville de Cannes, à deux pas du boulevard de la Croisette et de la plage, rien ne laisse présager la présence d’une chapelle du XVIIIe siècle, construite en 1870 par les moines de l’île de Lérins. Un bijou architectu­ral qui vient d’être préservé au terme de deux ans de travaux par une amoureuse des lieux atypiques chargés d’histoire.

« Je l’ai achetée en trente secondes. » Un véritable coup de coeur. Monique Di Francesco, cheffe d’entreprise à la retraite, est tombée sous le charme d’une chapelle désaffecté­e où étaient entreposée­s les archives de la BNP. « Tout était vide, le toit, troué, prenait l’eau. » Mais la Mouginoise, fondatrice du premier et plus grand centre de fitness de la Côte d’Azur (Topfit à Antibes) s’y voit déjà, enchantée par l’âme du lieu.

En 2018, elle achète le bien désacralis­é à neuf propriétai­res en indivision. Le permis de construire est élaboré en un an. Les travaux se sont achevés en juillet 2021.

Éléments architectu­raux d’origine préservés

Une fois poussée la porte d’entrée de l’immeuble, un long et étroit couloir mène à une petite cour intérieure. La façade qui surgit, s’élevant en arc brisé surmonté d’une croix, créé la surprise. À l’intérieur, une mezzanine, reliée par des escaliers ajourés à la pièce à vivre dont les pierres d’origine ont pu être conservées par endroits, donne à ce lieu hors du temps un caractère contempora­in dont le style raffiné et épuré sublime les éléments architectu­raux d’origine.

Des enfants juifs cachés par le pasteur

Lorsque Cannes fut occupée par les Allemands en septembre 1943, «le pasteur Charles Monod [qui appartenai­t à un réseau de résistants qui fournissai­t de faux certificat­s de baptême et de fausses cartes d’identité, ndlr] cacha quatre enfants juifs dans cette chapelle invisible depuis la rue et dont les Allemands ignoraient l’existence. L’Institut

Yad Vashem de Jérusalem lui a décerné le titre de “Juste parmi les nations” en 1996. Lorsque nous avons fait les travaux, nous avons découvert sur le mur en pierres du fond la trace du passage qui avait été creusé entre cette chapelle et l’église protestant­e de Cannes à laquelle la chapelle est adossée. » Monique Di Francesco a finalement remis sur le marché ce bien d’exception, dont elle a confié la vente au réseau d’agences immobilièr­e Espaces atypiques au prix d’1,5 million d’euros, et qui devrait rapidement trouver preneur.

« Les biens atypiques ont le vent en poupe »

« Les lieux dits atypiques ont le vent en poupe, confirme Arnaud Stoclet, responsabl­e de l’agence Espaces atypiques de Nice. Notre chiffre d’affaires a bondi avec l’effet Covid tous biens confondus, notamment les biens de caractère. Aujourd’hui les gens ont envie d’un logement qui leur ressemble, d’être bien chez eux et le nombre de chambres ou la localisati­on ne sont plus forcément les critères premiers. »

Vieux moulins, ancienne bergerie, mont-de-piété... « les lieux atypiques sont une niche, reconnaît le profession­nel, destinés à une clientèle bien spécifique qui a l’habitude de ce type de bien et de ses contrainte­s notamment en ce qui concerne la remise aux normes ».

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(Photo Patrice Lapoirie) Monique Di Francesco, la propriétai­re et Arnaud Stoclet, responsabl­e de l’agence immobilièr­e Espaces atypiques de Nice.

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