13-Novembre : en plein procès un hommage très symbolique
La commémoration, hier, a montré l’importance des deux premiers mois d’audience sur la mémoire collective de ces attentats.
Six ans après l’horreur, plusieurs hommages ont été rendus hier par les autorités à Paris et Saint-Denis pour commémorer les attentats du 13-Novembre, dans une atmosphère hautement symbolique, alors que se tient le procès de ces attaques. Accompagné notamment de la maire de Paris Anne Hidalgo, le Premier ministre Jean Castex a entamé la tournée d’hommages par un dépôt de gerbe suivi d’une minute de silence devant le Stade de France, avant de prendre la direction des terrasses de cafés et du Bataclan. De son côté, la vice-présidente des États-Unis, Kamala Harris, qui terminait hier une visite en France, a déposé un bouquet de fleurs blanches en face de la terrasse du Carillon. Enfin, en soirée, une minute de silence a été observée juste avant le coup d’envoi du match France-Kazakhstan au Stade de France.
Devant le Bataclan, les rescapés et les proches des victimes ont écouté avec émotion résonner sous la grisaille le nom de chacune des 90 personnes tuées dans la salle de concert.
« Le procès a tout changé »
Après une cérémonie sans public en 2020 à cause de la pandémie, la commémoration paraît plus importante que jamais, en parallèle d’un procès historique qui ravive avec force détails le souvenir de l’attaque terroriste la plus meurtrière jamais commise en France. « On a créé de vrais liens grâce au procès », confie Bruno Poncet, l’un des rescapés. « Lors des commémorations précédentes, on se croisait de loin sans trop oser se parler, il y avait une vraie timidité. Les passages à la barre ont tout bouleversé. » Trouble de stress post-traumatique, culpabilité du survivant, décalage persistant avec le reste de la société… Pendant un mois, les témoignages des victimes et de leurs proches ont révélé les cicatrices indélébiles et l’ampleur des dégâts psychologiques de ces attentats sur des centaines de vies brisées.
« Le procès a sans doute renforcé le besoin d’être ensemble », estime Philippe Duperron, président d’une association de victimes, « 13onze15 Fraternité et vérité ». « Dans la salle d’audience, il y a eu des regards, des mains tendues, on a ressenti beaucoup de solidarité. »
Cette année, « la commémoration fait figure de marqueur du grand récit partagé qui se construit actuellement au procès », observe de son côté l’historien Denis Peschanski, co-responsable du « Programme 13-Novembre », un vaste projet de recherche qui étudie l’évolution de la mémoire des attentats sur dix ans. L’audience et sa retranscription dans la presse «influencent la mémoire collective des Français » et a permis « de compléter le puzzle avec des morceaux qu’on ne connaissait pas encore ».