L’exécutif « prêt » à discuter de l’autonomie de la Guadeloupe
C’est une piste avancée par le ministre des Outre-Mer, Sébastien Lecornu, pour débloquer la situation. Il a aussi annoncé la création de mille emplois aidés pour les jeunes de l’île.
Les violences se poursuivent aux Antilles, avec de nouvelles dégradations dans la nuit de vendredi à hier, tandis que le gouvernement a lancé le débat sensible sur davantage d’autonomie pour la Guadeloupe, secouée comme la Martinique par une explosion sociale. Le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu a également annoncé vendredi la création de « 1 000 emplois aidés pour les jeunes » en Guadeloupe, département où 34,5 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté national.
Des journalistes essuient des tirs
Le mouvement contre l’obligation vaccinale pour les soignants, émaillé de violences, pillages, incendies et blocages routiers, ne s’essouffle pas, et la situation reste mouvante, avec des barrages filtrants ou hermétiques, parfois démontés par les forces de l’ordre avant d’être remontés par les manifestants. Les forces de l’ordre ont ainsi de nouveau essuyé des tirs par arme à feu dans la nuit de vendredi à hier, sans qu’il y ait de blessé. Plus tôt vendredi, une dizaine de membres des forces de l’ordre avait été blessée, et quatre journalistes, dont un photographe de l’AFP, avaient essuyé trois tirs de la part d’hommes circulant en moto dans une rue déserte de Fort-de-France. Hier matin à Pointe-à-Pitre, 2 000 à 3 000 personnes ont manifesté depuis le CHU pour demander de nouveau la levée totale de l’obligation vaccinale pour les soignants et pompiers. « La liberté ne s’injecte pas » ou « Fouté nou la Pé» , pouvait-on lire sur les pancartes brandies.
Pour sortir de cette crise, le gouvernement a d’abord annoncé vendredi reporter l’application de cette mesure au 31 décembre. Il a aussi proposé la levée de la suspension des personnels non vaccinés et de leur rémunération pour ceux qui acceptent un «accompagnement personnel », en vue notamment d’un reclassement.
Vive réaction de l’opposition
Puis, dans une allocution télévisée aux Guadeloupéens, Sébastien Lecornu a affirmé que le gouvernement était «prêt» à évoquer la question de davantage d’autonomie, si cela peut permettre de «résoudre les vrais problèmes du quotidien des Guadeloupéens ». Selon lui, la question a été posée «en creux » par « certains élus » lors des négociations des derniers jours.
« Hors sujet », a tranché Elie Domota, porte-parole du collectif syndical LKP, sur LCI. La proposition du ministre a par ailleurs été immédiatement pilonnée par l’opposition de droite et d’extrême droite qui ont dénoncé un recul ou un lâchage, voire une tentative « d’acheter les indépendantistes radicaux » pour la candidate RN à la présidentielle de 2022 Marine Le Pen.