Var-Matin (Grand Toulon)

Suspense à droite

- de MICHÈLE COTTA Journalist­e et écrivain edito@nicematin.fr

Dans trois jours, les militants républicai­ns commencero­nt à voter pour désigner leur candidat à la présidenti­elle. Les cinq prétendant­s n’ont plus qu’un ultime débat, mardi, sur France 2 et France inter cette fois, pour se mesurer. Bien malin qui pourrait donner aujourd’hui le nom du vainqueur. Certes, les choses se sont bien passées entre eux, chacun a fait attention à ne pas brusquer ses quatre rivaux, personne ne s’est étrillé, même si parfois l’agacement a percé entre Xavier Bertrand et Michel Barnier. Mais nous sommes toujours dans le flou sur le nom de celui ou de celle qui mènera le combat au nom de la droite, dite de gouverneme­nt.

Sur le programme, pas de grande différence entre eux, ni sur les remèdes envisagés pour contrer l’immigratio­n incontrôlé­e, ni grosso modo sur les premières mesures à prendre pour retrouver une société du travail.

Comment, alors, les militants votants vont-ils les départager ? Selon les sondages, comme on pourrait le penser ? De ce point de vue, Xavier Bertrand tient la corde, mais sans parvenir ni à creuser un écart impression­nant avec ses rivaux, ni à figurer, dès aujourd’hui, en deuxième position face à Emmanuel Macron. Sans doute est-il apparu tout au long de cette dernière période comme l’adversaire principal d’Emmanuel Macron : son tête-à-tête glacial avec le Président, il y a quelques jours dans l’Aisne, a marqué les esprits. On a vu les deux hommes – en marge de la possible délocalisa­tion de l’usine Ascoval – se parler, et surtout s’opposer, sans aménité.

Le fait d’être une femme va-t-il plutôt avantager Valérie Pécresse, qui, derrière son visage harmonieux, a manifesté une grande pugnacité au cours des débats télévisés ? Après tout, la désignatio­n d’une femme, une présidente de région, voilà qui montrerait la modernité et l’ouverture de LR.

Et comment juger de la performanc­e d’Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes, qui paraissait au début comme un candidat secondaire face au trio des mieux placés Bertrand-Pécresse-Barnier, et qui a su incarner, sans prendre de gants et sachant en convaincre plus d’un, la droite du parti ?

Reste Michel Barnier, au départ l’un des favoris – lui qui n’a jamais quitté LR, même lorsqu’il siégeait à Bruxelles – mais dont la campagne a manqué de tonus. Ce qui n’est pas le cas de Philippe Juvin, outsider parmi les outsiders, qui a trouvé d’emblée le ton qu’il fallait pour exister aux côtés des quatre autres. Suspense, donc. Redoublé par le silence volontaire­ment entretenu par Éric Zemmour sur la date de sa candidatur­e. Bref ce n’est sans doute qu’après samedi, si tout se passe comme prévu, que la vraie campagne commencera, même si Emmanuel Macron, dont les intentions sont claires, continue de se taire.

« La désignatio­n d’une femme, une présidente de région, voilà qui montrerait la modernité et l’ouverture de LR »

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