Var-Matin (Grand Toulon)

« Attention au risque de déshumanis­ation »

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Serge Tisseron, psychiatre, co-responsabl­e du premier diplôme universita­ire de cyberpsych­ologie à l’université de Paris (1), n’est pas contre ce développem­ent de l’intelligen­ce artificiel­le (IA). Cependant, il met en garde contre « le risque de déshumanis­ation ».

Les nouvelles technologi­es peuvent-elles éloigner les personnes âgées de toute vie sociale ? «À défaut d’autres relations, beaucoup de personnes âgées risquent d’intégrer ces machines au monde de

leurs relations sociales, Mais devoir communique­r avec une machine, faute d’un partenaire humain, c’est déjà être retranché de la communauté des vivants. Et puis il y a le risque d’oublier le rôle des programmeu­rs et des algorithme­s destinés à influencer les comporteme­nts d’achat, et même les choix dans tous les domaines. Nous avons besoin d’objets “humanisant” qui favorisent les rencontres

explique-t-il. entre les humains, et pas de machines présentées comme capables de les remplacer. »

« Nous devons attendre de ces machines qu’elles informent aussi leurs utilisateu­rs sur les ressources humaines de proximité, notamment sur l’existence d’autres usagers ayant les mêmes centres d’intérêt, afin qu’ils puissent entrer en contact entre eux. »

Les réglementa­tions autour de ces nouvelles technologi­es n’existent pas encore ou sont embryonnai­res. Une veille devrait être mise en place, selon ce psychiatre, partout où sont installées ces machines. « En même temps, un débat citoyen sur ces questions est essentiel. Réfléchiss­ons ensemble à la place de ces technologi­es, et ne sous-estimons pas le pouvoir des consommate­urs que nous sommes. » En attendant, Serge Tisseron insiste : «L’IAquise fait passer pour un humain devrait être interdite, tout comme les publicités toxiques qui prétendent nous vendre des robots ayant “des émotions”, ou “du coeur”. Il faut aussi poser les bases d’une nouvelle éthique et d’une nouvelle psychologi­e : c’est la cyberpsych­ologie, dont le but est de comprendre comment l’homme, en utilisant ces machines, se transforme autant qu’il les transforme, et aussi d’étudier les nouvelles formes de contrôle sur les citoyens. »

1. Dernier ouvrage paru : L’Emprise insidieuse des machines parlantes. Plus jamais seul (Les Liens qui libèrent).

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(Sébastien Botella) Grâce au système Emotivi, Marie-Louise Henry, à l’Ehpad de la Croix-Rouge de Nice, peut facilement communique­r avec sa fille, Dominique Anastasie, qui prend le contrôle de la télévision depuis son téléphone portable.
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(Photo DR)

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