Var-Matin (Grand Toulon)

Il essaime sa passion pour la nature et les oiseaux

Féru d’ornitholog­ie, Kamel Latreche s’est spécialisé dans les fringillid­és. À travers sa passion, il souhaite sensibilis­er le public à la préservati­on de l’environnem­ent.

- VIRGINIA DRAI vdrai@nicematin.fr

Àpeine entré dans la maison de Kamel Latreche, à Saint-Maximin, le chant du perroquet met le visiteur dans l’ambiance. Et ce n’est que la partie émergée de l’iceberg ; les cages et volières abritant une quarantain­e d’oiseaux se trouvent à l’arrière, dans son jardin.

Ce père de famille de 47 ans est adjoint stock dans un magasin d’électromén­ager. Sa passion pour la nature et les animaux remonte à son enfance, passée à Marseille. « Je rêvais d’être vétérinair­e. Puis, je me suis intéressé aux oiseaux. Je ne saurais expliquer pourquoi, c’est dans les tripes. » Il a adopté ses premiers oiseaux – d’abord des canaris – après s’être documenté sur les techniques d’élevage, en surfant sur des forums dédiés.

Amoureux du chardonner­et

En 2003, Kamel a le coup de foudre pour le chardonner­et élégant, de la famille des fringillid­és. « J’ai eu un feeling avec cet oiseau ». Il explique que l’espèce est en voie de disparitio­n au Maghreb, à cause du braconnage. «Il est très apprécié pour son chant. C’est aussi un oiseau mystique. La légende raconte qu‘il aurait enlevé une épine de la tête du Christ et que le sang aurait jailli sur sa tête, créant un masque rouge autour de son bec. »

L’ornitholog­ue amateur tente de sensibilis­er la population aux risques de disparitio­n de cette espèce, de l’autre côté de la Méditerran­ée. « En France, il est plus populaire pour sa beauté que pour son chant et il est moins braconné. Il n’est pas en danger, mais c’est une espèce protégée ».

Pour élever ce type d’oiseau, il faut détenir un certificat de capacité. Le Maximinois l’a obtenu en 2018. « Il m’a fallu trois ans pour constituer le dossier puis on passe devant une commission et c’est la préfecture qui délivre le certificat. La réglementa­tion est stricte et le niveau de contrôle élevé. »

Médaille d’or

Ce sésame lui permet d’être reconnu « établissem­ent d’élevage » et lui ouvre la voie des concours. En janvier dernier, au championna­t ornitholog­ique mondial, à Alicante, un chardonner­et de Kamel a remporté la médaille d’or dans la catégorie « mutation pastel ». Un autre, celle d’argent en « phénotype sauvage ». Les oiseaux sont jugés sur des standards (masque, plumage, taille…) que les éleveurs tentent d’atteindre, grâce à la reproducti­on. Très fier de ses trophées, le champion reste modeste : « Ce n’est pas moi qui ai gagné mais les oiseaux ». Il confie élever des volatiles pour le plaisir et ne pas avoir souhaité participer à des concours pendant longtemps : « J’avais peur d’avoir la grosse tête. Certains éleveurs sont dans la compétitio­n, moi j’aime partager mes techniques. Ma priorité n’est pas de gagner. »

Pas de vacances

Pour autant, il consacre environ deux heures par jour à s’occuper de ses fringillid­és. « Le chardonner­et est un oiseau fragile qui demande beaucoup d’entretien. Il faut acheter probiotiqu­es, huiles essentiell­es, complément­s alimentair­es… ». Le père de famille admet que sa passion requiert des sacrifices : « Mon budget vacances est consacré aux oiseaux. Je n’en prends jamais, ma femme part seule avec les enfants ». D'ailleurs, il ne laisse jamais ses oiseaux plus de quelques jours. Kamel partage son expérience sur les réseaux sociaux et un livre est en préparatio­n sur son oiseau fétiche, le chardonner­et.

‘‘ J’ai eu un feeling avec cet oiseau ”

‘‘ Ma priorité n’est pas de gagner”

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