Les reines de l’adaptation
La tortue est une championne de l’adaptation. «La première au départ c’est la Proganochelys. Elle a disparu mais on en a découvert des fossiles. Et aujourd’hui, il y a 360 espèces sur terre » indique Bernard Devaux. Leur secret ? S’accoutumer à tous les milieux, tous les climats ou presque.
Les exemples sont nombreux. Sur une île près d’Hawaï, les mâles sortent de l’eau, ce qu’aucun autre mâle de tortue marine ne fait, pour synthétiser le calcium en s’exposant au soleil sur la plage et se réchauffer par la même occasion. Dans le désert de Chihuahua au Mexique, la Terrapene Coahuila vit dans des résurgences d’eau salée, où elle supporte la salinité et le froid. Elle n’a pas de pattes palmées et marche au fond au lieu de nager. Dans les zones les plus chaudes, d’autres ont des griffes pour creuser des galeries et se mettre au frais. À l’inverse, au sud du Canada, certaines tortues d’eau peuvent être prises dans la glace. « Leur coeur s’arrête de battre, leur température corporelle descend jusqu’à moins 7 degrés, et au printemps elles recommencent à vivre. On les a étudiées, elles fabriquent un antigel naturel qui permet aux cellules de ne pas éclater » raconte leur admirateur. La caractéristique principale des Chéloniens est d’être des reptiles munis d’une carapace. Mais là encore, « certaines font preuve d’adaptation, comme la Luth, qui peut atteindre 950 kg, raconte Bernard Devaux. Elle n’a pas de carapace mais un cuir avec 5 cm de graisse en dessous. Elle peut plonger à 1200 m de profondeur sans que la pression ne l’écrase, pendant deux heures, pour manger des méduses et remonter respirer, avant de replonger ».