Doit-on avoir peur de l’alerte aux microalgues toxiques ?
Ces végétaux microscopiques pourraient-ils se développer en masse en Méditerranée ? L’Ifremer surveille ce phénomène.
L’été dernier, sur les plages de Biarritz, Saint-Jean-de-Luz, ou encore Bidart, des nageurs ont eu des symptômes étranges après leurs baignades : rhume, toux, fièvre.
En cause ? Ostreopsis ovata , une microalgue qui a intoxiqué les baigneurs. Impossible d’affirmer pour l’instant selon les spécialistes qu’Ostreopsis ovata sera de retour cet été sur la côte Basque.
En revanche, comme l’explique Philipp Hess, expert en phycotoxines à l’Ifremer : « en Méditerranée, sa présence répétée depuis les années 2000 témoigne de la “tropicalisation” rapide de cette mer semi-fermée ».
Quelles sont les microalgues toxiques en Méditerranée ?
Quand les microalgues ne sont pas toxiques, elles sont nécessaires à la vie sur terre et en mer. Comme le rappelle l’Ifremer sur son site : « elles constituent la base de la chaîne alimentaire de l’océan » . Aujourd’hui, dans le monde, 5 000 espèces ont été répertoriées et « 175 sont considérées toxiques pour l’Homme ou nuisibles pour la biodiversité marine ». En Méditerranée, le plus fréquemment, la transmission des toxines se fait via les coquillages, décrypte Maud Lemoine, biologiste à l’Ifremer et coordinatrice des réseaux de surveillance des microalgues dans l’eau de mer et des toxines dans les coquillages.
« On trouve trois grands groupes en Méditerranée : les “dinophysis” qui produisent des toxines diarrhéiques. On retrouve ces microalgues essentiellement dans les lagunes, et les symptômes ressemblent à ceux d’une gastro. Il y a aussi les “pseudo-nitzschia”
qui produisent des toxines amnésiantes qui vont entraîner des maux de tête, des nausées, des fourmillements, et qui dans les cas les plus sévères peuvent entraîner un coma. Et enfin il y a les “alexandrium” qui produisent des toxines paralysantes. Qui peuvent engendrer des simples fourmillements, vertiges et aller jusqu’à la paralysie du système cardio-respiratoire, autrement dit une crise cardiaque ».
Ces microalgues sont des végétaux qui mesurent en moyenne 0,02 millimètre, ne nagent pas et se développent dans la colonne d’eau. Le plus fréquemment, elles intoxiquent le corps humain via des huîtres, des coques, des palourdes... Des analyses sont réalisées très fréquemment par l’Ifremer pour éviter toutes ces intoxications.
Vers une prolifération des microalgues toxiques ?
L’Ifremer surveille la prolifération de ces microalgues toxiques via des satellites ou sur le terrain. Mais pour l’instant, impossible de prédire l’avenir. « Nous ne disposons pas de preuves suffisantes pour affirmer qu’il y aura globalement plus de microalgues toxiques sur nos côtes dans le futur. La situation variera selon les années avec des régions plus impactées et d’autres épargnées », conclut Philipp Hess.
Toutefois, comme l’explique Maud Lemoine, le dérèglement climatique pourrait avoir un impact sur leur propagation : « c’est une hypothèse. Avec des températures plus chaudes, les microalgues toxiques pourraient arriver plus tôt dans la saison, dès la fin mars par exemple, et durer jusqu’au mois de juillet ». Mais pas d’inquiétude, vous pouvez reconnaître ces microalgues à l’oeil nu. En fonction de leur catégorie, elles colorent l’eau en vert fluo, ou en rouge marron comme c’est le cas en ce moment sur le littoral Loire-Atlantique.