Pourrez-vous rouler avec votre vieille voiture en 2023?
Françoise Dumont, sénatrice du Var, déplore le manque d’information des citoyens vis-à-vis des zones à faible émission mobilité et des véhicules qui seront prochainement interdits.
Alors que le Parlement européen vient de voter le « paquet climat », dont la mesure la plus spectaculaire sera l’interdiction pure et simple de la vente de voitures à moteur thermique à partir de 2035, Françoise Dumont, sénatrice du Var, pointe du doigt un écueil beaucoup plus proche de nous : l’entrée en vigueur de mesures très contraignantes pour les automobilistes dans les zones à faible émission mobilité (ZFE-m) à partir du 1er janvier 2023 !
Qu’est-ce qui vous inquiète dans la montée en puissance des zones à faible émission mobilité ?
Le manque d’information de nos concitoyens : 60 % des Français ignorent toujours ce que sont les ZFE-m ! Or, à partir du 1er janvier 2023, nombre d’entre eux pourraient ne plus pouvoir circuler dans les 45 ZFE-m que comptera la France à l’horizon 2024. Les premiers concernés sont ceux qui conduisent des véhicules diesel immatriculés entre le
1er janvier 1997 et le 31 décembre 2000. Mais d’ici 2025, 41 % du parc automobile national actuel auront interdiction de rouler ! Concrètement dans le Var, à partir du 1er janvier prochain, un habitant d’un territoire rural désirant par exemple se rendre dans la métropole toulonnaise pour un rendez-vous médical ne pourra plus le faire s’il est au volant d’un véhicule jugé trop ancien.
Mais les primes à la conversion existent. Le gouvernement l’a fait savoir encore récemment avec la hausse du prix du carburant ?
Je sais bien que nul n’est censé
ignorer la loi, mais l’information reste insuffisante. Sinon comment expliquer que 47 % des Français estiment être mal informés sur les mesures mises en place pour favoriser le renouvellement du parc automobile. Et puis, malgré les aides que vous citez, les véhicules électriques restent chers. Ils ne sont pas adaptés à toutes les bourses. Par ailleurs, l’installation de bornes électriques pour recharger les batteries a pris du retard. Quant aux constructeurs automobiles, je ne pense pas qu’ils soient encore prêts à soutenir la cadence pour fournir en masse des véhicules électriques.
Mais c’est plutôt une bonne décision lorsqu’on sait que la pollution atmosphérique est responsable chaque année de 48 000 décès prématurés, soit
9 % de la mortalité en France ? Bien sûr, ces mesures vont dans la bonne direction en termes de protection de l’environnement et de santé publique. Il ne faut opposer écologie et économie. Mais en cette période compliquée où le pouvoir d’achat est mis à mal chaque jour, il est nécessaire d’accompagner davantage nos concitoyens – surtout les plus fragiles – dans la recherche d’aides à la transition écologique des véhicules. Le 1er janvier 2023, c’est demain. C’est court comme délai pour s’adapter. Et j’espère qu’on saura faire preuve de tolérance dans l’application des futures interdictions, un peu à l’image de ce qui est prévu pour les véhicules d’urgence et de secours qui ne sont pas concernés par ces mesures.