Législatives : Macron bousculé sur sa gauche
À trois jours du premier tour des législatives, Macron s’est saisi directement hier de la campagne en appelant les Français à lui donner « une majorité forte et claire ».
Àl’occasion d’un déplacement dans le Tarn sur le thème de la sécurité en zone rurale, le président est monté au front dans un long discours depuis le village de Puycelsi, fustigeant les « extrêmes » qui « proposent d’ajouter de la crise à la crise en revenant sur les grands choix historiques de notre Nation ». Face à la percée dans les sondages de l’alliance de gauche Nupes autour de Jean-Luc Mélenchon, le chef de l’État a attaqué sans les nommer cette coalition et le RN de Marine Le Pen qui veulent, selon lui, « revenir sur les alliances qui comme l’Otan assurent la sécurité collective et protègent les peuples ».
« Ce n’est pas au président de mener la campagne »
Réplique quasi immédiate de Mélenchon, pour qui « ce n’est pas au président de mener la campagne législative ». « Le rôle du chef de l’État n’est pas de venir à la rescousse du radeau de la méduse », a insisté le tribun depuis le siège de LFI, demandant que dimanche, « le pays donne au président de la République le désaveu qu’il mérite », en votant pour les candidats de la Nupes. Pour soutenir son programme économique pilonné par Emmanuel Macron, des dizaines d’économistes, dont Thomas Piketti, ont par ailleurs affirmé, dans une tribune hier au JDD, que « face à la précarité endémique, à la guerre et à la transition écologique, prétendre qu’il n’y a pas d’alternative aux politiques économiques actuelles est mensonger et dangereux ».
Lors de son déplacement, Emmanuel Macron a aussi été vivement interpellé par une jeune femme au sujet de deux ministres accusés de violences envers des femmes. La libération de la parole, « je l’ai accompagnée et je continuerai de l’accompagner, de la protéger. En même temps, pour fonctionner en société vous devez avoir de la présomption d’innocence », a-t-il répondu. Les cris de « menteur » et un « vous êtes abominable » ont alors retenti.
Dynamique en faveur de la Nupes
L’appel à la mobilisation du chef de l’État pour les législatives devrait mettre du baume au coeur de la majorité, qui voit dans la participation la «clé» du scrutin, selon un ministre ayant observé avec attention la percée de la gauche unie sous la bannière de la Nupes, lors du premier tour des élections pour les Français de l’étranger, dimanche dernier.
Àl’ « encéphalogramme totalement plat » jusque-là des rapports de force, succède en effet « un début de dynamique plutôt en faveur de la Nupes et une érosion de Ensemble ! (LREM, le Modem, Horizons et Agir) », souligne Brice Teinturier, directeur délégué d’Ipsos.