Nucléaire iranien : Téhéran retire 27 caméras de l’AIEA
L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a dénoncé hier la décision de l’Iran de retirer 27 caméras de surveillance des activités nucléaires.
Cette mesure « pose naturellement un sérieux défi à notre capacité à continuer à travailler là-bas », a déclaré Rafael Grossi le directeur général de l’AIEA. Téhéran avait annoncé mercredi avoir déconnecté certaines des caméras, sans en préciser le nombre, pour protester contre le vote au Conseil des gouverneurs d’une résolution le rappelant formellement à l’ordre pour son manque de coopération, présentée par les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne.
« Réponse ferme et proportionnée »
Cette critique formelle adressée à l’Iran – la première depuis juin 2020 – a été votée mercredi par 30 des 35 membres du Conseil des gouverneurs de l’AIEA, seules la Russie et la Chine ayant voté contre. Trois pays se sont par ailleurs abstenus (Inde, Pakistan, Libye). La résolution est intervenue après que l’Agence a fait part de ses inquiétudes concernant des traces d’uranium enrichi précédemment trouvées sur trois sites que Téhéran n’avait pas déclaré comme ayant hébergé des activités nucléaires.
L’adoption de ce texte, « qui est basé sur le rapport hâtif et déséquilibré du directeur général de l’AIEA et sur des informations fausses et fabriquées par le régime sioniste, ne fera qu’affaiblir le processus de coopération et d’interaction entre la République islamique d’Iran et l’Agence », a prévenu le ministère iranien.
Outre la désactivation des caméras, l’Iran a informé l’AIEA de la mise en place de deux nouvelles cascades de centrifugeuses avancées sur le site de Natanz (centre), renforçant ainsi significativement sa capacité d’enrichissement d’uranium.
Le porte-parole de la diplomatie, Saeed Khatibzadeh, a également critiqué la résolution dans un message sur Twitter, affirmant que l’Iran avait « le programme nucléaire pacifique le plus transparent au monde ». « Les initiateurs sont responsables des conséquences. La réponse de l’Iran est ferme et proportionnée », a-t-il ajouté.
Un coup fatal à l’accord de 2015 ?
L’AIEA, chargée de s’assurer du caractère pacifique des activités nucléaires, peut continuer les inspections et a encore 40 caméras sur place ainsi que d’autres outils à sa disposition. Mais la riposte de Téhéran aboutit à « moins de transparence, plus de doutes », a expliqué M. Grossi.
Si le blocage persiste, « dans trois ou quatre semaines » l’AIEA ne sera plus en mesure de fournir les informations nécessaires au suivi du programme nucléaire iranien, a précisé le chef de l’Agence. Ceci, a-t-il estimé, « porterait un coup fatal » à l’accord de 2015 prévoyant la limitation des activités nucléaires en échange d’un allégement des sanctions internationales. Jusqu’à présent, l’Iran avait pris soin d’éviter la confrontation avec l’AIEA mais cette fois, le président ultra-conservateur Ebrahim Raïssi a affiché sa fermeté.