Var-Matin (Grand Toulon)

Un ex-flic et chauffeur Uber devenu « Dépose-man »

- C. C.

Entre elles, les prostituée­s l’appelaient « Dépose-man ». Celui qui les dépose sur leur coin de bitume. Celui qui les dépose du bon côté de la frontière, aussi, à leur arrivée à Vintimille. Nicolas Kostic a été policier, puis chauffeur VTC. Le voici condamné pour proxénétis­me aggravé. Certes, il reste « un épiphénomè­ne dans ce dossier », dixit son avocat, Me Jean-Yves Garino. Ce quadra est l’un des deux prévenus qui comparaiss­ent libres. Un simple « assistant ». Mais sa seule présence traduit un parcours chaotique. Un cas rare. « Dérangeant », aux yeux du parquet.

« C’était un garçon brillant », souligne son défenseur. En 2007, un AVC fait basculer la carrière de ce policier de la Bac. Diminué, Nicolas Kostic est affecté dans des bureaux. En 2015, il quitte la région parisienne pour Nice. Sa famille ne le suit pas. Toujours policier, mais esseulé, il obtient le feu vert pour faire chauffeur Uber hors de ses heures de service.

Juillet 2017, premier coup de semonce. Nicolas Kostic est condamné à 18 mois ferme pour avoir joué les passeurs. Il est révoqué de la police nationale. Mais l’avertissem­ent n’a pas suffi. Le voici condamné, de nouveau, à 18 mois ferme. Il faisait entrer illégaleme­nt de jeunes Nigérianes en France. Puis il les déposait sur le trottoir.

« Il avait de la compassion »

Aide à la prostituti­on ? Me Garino conteste cette notion. « Il avait de la compassion. »

Selon lui, l’ex-flic devenu chauffeur Uber faisait « du transport de générosité », payait un kebab aux jeunes femmes quand elles avaient faim, les ramenaient quand elles avaient froid. « Il était gentil », disent-elles de lui. Il était amoureux de l’une d’elles, aussi. « Il a tout fait pour la sortir de la prostituti­on. »

Il aurait en outre alerté sa hiérarchie, en vain.

Le parquet n’a pas la même lecture du dossier. « Aider une prostituée, c’est l’orienter vers le commissari­at ou une associatio­n, pas l’amener sur son lieu de travail… » Ni aider, comme il l’a fait, à la création d’une annonce pour vanter ses charmes. Delphine Dumas requiert deux ans de prison. Le tribunal s’en tient à 18 mois, approuve l’interdicti­on de détenir une arme pendant dix ans, et l’interdicti­on définitive de toute fonction publique.

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