La semaine vagabonde de Denis Carreaux
Lundi
Valls ne répondplus. Le revers est cinglant. Candidat aux législatives dans la cinquième circonscription des Français de l’étranger où il était candidat sous les couleurs de la majorité présidentielle, Manuel Valls a annoncé sa défaite sur Twitter avant même la publication des résultats officiels. Instantanément, la twittosphère se met à tirer à feu nourri sur l’ambulance Valls. Toute la soirée, c’est la curée. Ironie, cruauté, commentaires abjects : trois ans après sa tentative avortée de conquérir la mairie de Barcelone, l’exPremier ministre est humilié comme jamais. Quelques minutes seulement après le verdict implacable des urnes, l’intéressé capitule. Il ferme carrément son compte Twitter, tournant le dos à un million de followers. Un geste rarissime qui en dit long sur la violence et l’intolérance qui règnent sur les réseaux sociaux. À méditer.
Mardi
Écolos en roue libre. Enfermée dans ses délires idéologiques, la municipalité Europe Écologie Les Verts de Lyon ne sait vraiment plus quoi inventer. Après avoir qualifié le Tour de France de « machiste et polluant », banni le foie gras des réceptions officielles, fait adopter l’écriture inclusive, Lyon s’apprête à créer des pistes cyclables « non genrées ». Est-ce à dire que les voies pour vélos sont par définition réservées aux mecs, conçues pour des cyclistes bourrins remplis de testostérone, machos et sexistes ? Il faut le croire… Fabien Bagnon, viceprésident de la métropole de Lyon chargé des voiries et des mobilités justifie cette sémantique fumeuse en expliquant qu’« une communauté de femmes à vélo participe aux réunions techniques » pour concevoir ces pistes qualifiées de «non genrées et donc inclusives ». Bienvenue dans la capitale des Gaules, bien partie pour devenir aussi celle du wokisme.
Mercredi
Fin du thermique, le grand saut. On ne peut le nier, l’interdiction dès 2035 des moteurs thermiques décrétée par le Parlement européen ce mercredi soir constitue un engagement volontariste. Si l’ambitieux plan climat de l’Union européenne permet de répondre à une urgence que personne ne conteste, le choix d’autoriser uniquement la vente de véhicules 100 % électriques (les hybrides étant également interdits) pose un certain nombre de questions un peu vite évacuées. Comment absorber la consommation de ces millions d’autos alors même que le prix de l’énergie va continuer à exploser ? Comment arriver à mettre en service dans les temps le million de bornes de recharge nécessaires dans l’Hexagone alors que nous atteignons péniblement les 60 000 ? Comment aider les utilisateurs à investir dans des véhicules encore très coûteux ? Comment accompagner la reconversion du secteur automobile et de ses centaines de milliers d’emplois ? Comment contourner enfin le monopole de la Chine sur la production de batteries ? L’Europe n’a pas attendu les réponses à ces interrogations pour faire le grand saut. Un saut dans l’inconnu.
Jeudi
L’été sera chaud. Orly, 11 h 30. D’un terminal à l’autre, l’aéroport parisien n’est plus qu’une file d’attente géante. Certains perdent leurs nerfs, des vacanciers se résignent déjà à faire une croix sur leur voyage, tandis que d’autres (dont je suis), qui se déplacent pour raisons professionnelles, supplient les agents d’accueil, debordés, de les laisser passer pour ne pas rater leur vol. Indescriptible, la pagaille générée par la grève des personnels d’Aéroports de Paris ADP n’est rien rapport à celle qui règne au même moment à Roissy Charles-de-Gaulle, où 25 % des vols de la journée ont été annulés préventivement. Saturation, manque de personnel, mouvements sociaux : après Amsterdam et Barcelone, les aéroports français sont au bord de la rupture. Les syndicats, qui annoncent un nouveau mouvement de grève à partir du 2 juillet, préviennent : l’été sera chaud. On aurait tort de ne pas les croire.
Vendredi
Les vertus du débat. C’est fini. La température du studio vidéo du Groupe Nice-Matin peut enfin retomber à l’issue des seize débats organisés avant le premier tour des élections législatives. Seize heures de confrontations d’idées et d’interpellations parfois musclées entre soixante-dix candidats du Var et des Alpes-Maritimes. Figures nationales rompues à l’exercice du direct, sortants confiants ou fébriles, petits nouveaux parfois effrayés par la présence des caméras : tous ont pu défendre leurs convictions, mettre en avant leurs programmes et évoquer des sujets locaux concrets. Un vrai rendez-vous démocratique et des échanges de qualité, bien loin des joutes souvent caricaturales des plateaux télé où la petite phrase qui fait le buzz vaut toujours mieux qu’une belle idée.
Samedi
La lavande plantée par l’Europe. C’est une des aberrations dont l’Union européenne a le secret. Voici donc la lavande menacée par le projet de révision de deux règlements qui visent à classer les huiles essentielles extraites de cette plante provençale dans la catégorie des produits chimiques. Les répercussions pourraient se révéler dramatiques pour le secteur : coûts exorbitants pour faire tester les six cents substances contenues dans les huiles essentielles de lavande et apparition de pictogrammes dissuasifs sur les produits commercialisés. Vent debout, la commission des Affaires européennes du Sénat vient d’adopter un projet de résolution contre cette réglementation qui pourrait mettre en péril une filière déjà fragile. Une folie bureaucratique de plus.
« Saturation, manque de personnel, mouvements sociaux : après Amsterdam et Barcelone, les aéroports français sont au bord de la rupture. »