Un lampadaire de Giacometti aux enchères à Cannes
Il est le sculpteur le plus coté aux enchères. Un exceptionnel lampadaire d’Alberto Giacometti passera sous le marteau le 14 juin à Cannes.
Le 14 juin, la maison Azur Enchères Cannes met en vente un exception nel lampadaire signé Alberto Giacometti (1901-1966). Réalisé aux alentours de 1933-1934, cet objet filiforme en bronze patiné est issu de l’ancienne collection de Madeleine Lemoine, belle-fille de Jeanne Lanvin, créatrice de la célèbre marque. Récemment redécouvert, il est estimé entre 100 000 et 150 000 euros. Faiseur de formes, Giacometti a su transformer la matière comme peu de sculpteurs l’ont fait avant lui. Né dans une famille d’artistes, ce Suisse a été initié très tôt aux arts par son père Giovanni, un peintre reconnu. Passionné de dessin, le jeune Giacometti s’essaie, vers 12 ou 13 ans, à la sculpture en réalisant un buste de Diego, son frère né un an après lui, qui sera également sculpteur et designer. En 1922, Alberto s’installe en France et expose ses premières oeuvres au Salon des Tuileries. Mais c’est en 1929 que le jeune artiste va attirer l’oeil du tout Paris avec ses sculptures « Femme » et « Homme, Femme », bronzes à l’aspect linéaires et fragile. Au début des années 1930, l’artiste est adoubé par les surréalistes et sa renommée dépasse les frontières. C’est à cette époque que ce designer se met à créer des objets décoratifs : lampes, vases, appliques ou encore basreliefs, très appréciés d’une élite parisienne et internationale, comme le banquier américain Nelson Rockefeller, et vendus par le décorateur avant-gardiste Jean-Michel Frank. Ces « objets utilitaires » comme Giacometti les nomme, sont des sculptures à part entière. Ils s’inspirent souvent des arts anciens, ou bien encore, des arts africains et égyptiens, réactualisés dans un style art déco aux lignes épurées.
Après la Victoire, Giacometti rejoint Paris. Le marchand new-yorkais Pierre Matisse, fils d’Henri, lui offre sa première exposition personnelle d’après-guerre. C’est pour lui que Giacometti crée de célèbres bronzes tels « L’Homme qui pointe », « Quatre femmes sur socle » ou un premier « Homme qui marche ». Plus de cinquante ans après sa mort, l’artiste est aujourd’hui le sculpteur le plus coté au monde. En 2015, son « Homme au doigt » s’est vendu pour 154,3 millions de dollars, un record absolu pour une sculpture. Deux autres de ses oeuvres ont franchi la barre des 100 millions de dollars : le « Chariot », adjugé pour 110,4 millions de dollars en 2014, et « L’Homme qui marche » cédé en 2010 pour 126,83 millions d’euros. Deux versions de cette dernière oeuvre sont actuellement visibles à la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence. Son dernier record en date aux enchères : en octobre 2020, sa « Grande femme I » est partie pour la somme de 90 millions de dollars chez Sotheby’s à New York. En 1963, Giacometti est opéré d’un cancer. Il meurt deux ans plus tard dans un hôpital suisse. Il sera inhumé à Borgonovo près de la tombe de ses parents.