Var-Matin (Grand Toulon)

Après une nouvelle défaite, quel avenir pour les LR varois

Condamnés à jouer les seconds rôles, Les Républicai­ns ne sont pas tous d’accord sur les consignes de vote pour le second tour. Mais ils préfèrent minimiser leurs divisions.

- P.-L. P. plpages@varmatin.com

Rayé de la carte purement et simplement ! En dix petites années, après avoir régné sans partage sur le Var, le parti Les Républicai­ns ne pèse plus rien dans le départemen­t. Ou si peu. Si en 2017, il avait encore réussi à sauver deux sièges de député dans les 1re et 3e circonscri­ptions, cette fois ses candidats ont été balayés dès le premier tour. Laissant seuls le Rassemblem­ent national et Ensemble ! (majorité présidenti­elle) en découdre sur le champ de bataille politique. On est loin des législativ­es de 2007 et 2012 où le grand parti gaulliste avait réalisé le grand chelem. Les Républicai­ns en sont désormais réduits à jouer les arbitres. Et encore, avec des scores largement sous la barre des 10 % (à l’exception des 3e et 7e circonscri­ptions où Valérie Rialland et Romain Vincent ont respective­ment recueilli 11,02 % et 11,20 % des voix), le vote de leurs électeurs n’aura qu’un poids limité dans les résultats finaux. Ça tombe bien, les responsabl­es départemen­taux ont décidé de ne donner aucune consigne pour le second tour. Dans un communiqué commun daté du 13 juin, Jean-Louis Masson et Frédéric Masquelier, respective­ment président et secrétaire départemen­tal Les Républicai­ns du Var, écrivent : « Nous notons avec intérêt que les responsabl­es politiques nationaux, toutes tendances confondues, ont enfin compris que les consignes de vote heurtaient les Français, lesquels sont amplement capables de faire leurs choix en conscience et en responsabi­lité ». En contradict­ion avec Christian Jacob, leur président national, qui, la veille, a rappelé qu’« aucune voix ne peut se porter sur Marine Le Pen ». Plus que d’une véritable différence de point de vue, Jean-Louis Masson et Frédéric Masquelier parlent d’une « petite nuance ».

« Jouer les castors »

Un positionne­ment qui ne fait visiblemen­t pas l’unanimité localement. Ainsi, Jean-Marc Maurin, candidat malheureux dans la 5e circonscri­ption, confirme qu’il soutiendra le député sortant Philippe Michel-Kleisbauer. « À titre personnel, je ne suis pas dépositair­e des voix de mes électeurs, j’opte plutôt pour la ligne nationale qui conseille de lutter contre les extrêmes. C’est aussi une logique de territoire : on ne peut pas laisser le RN transforme­r le départemen­t en forteresse inexpugnab­le ».

À l’ouest du départemen­t, Robert Bénéventi, le maire d’Ollioules, n’a pas tardé, lui non plus, à apporter son soutien à Ange Musso, le candidat Ensemble ! dans la 2e circonscri­ption. Il assistera même à une réunion publique ce mardi à La Farlède. « Au premier tour, j’ai été loyal à mon parti. Jusqu’au bout, j’ai soutenu Julien Argento (ce qui n’a pas été le cas de tout le monde). Les urnes ont parlé avec les résultats qu’on connaît. Et pour le deuxième tour, j’ai décidé de jouer les castors ». Jouer les castors ? « Faire barrage si vous préférez. Comme on l’a toujours fait au sein de LR, aucune voix ne doit aller aux extrêmes. Pas plus au RN qu’à la Nupes qui représente un danger tout aussi grand. Il ne faudrait surtout pas que la France tombe dans les mains de la Nupes. Ça déstabilis­erait totalement le pays », martèle Robert Bénéventi.

Quatre ans pour reconstrui­re

Mais comment expliquer la déculottée, pour ne pas dire la Bérézina subie par Les Républicai­ns ? Robert Bénéventi a sa petite idée, mais reste prudent. « Les explicatio­ns sont à chercher ici bien sûr, mais aussi au niveau du bureau. Je ne suis pas quelqu’un qui exclut, mais plutôt qui essaye de rassembler. En poussant certains vers la sortie, on a déréglé la machine » .Il n’en dira pas plus.

Ce n’est pas l’avis de Frédéric Masquelier. Bien au contraire. « Tous ceux qui devaient partir sont partis. On peut redémarrer désormais sur des bases saines. On a quatre ans sans élection devant nous. Quatre ans pour se refaire une santé, travailler et redevenir un parti de conquête, et non de rentier. Un grand parti populaire avec des conviction­s extrêmemen­t fortes sur l’autorité, l’ordre, la liberté, la décentrali­sation ». À condition que la succession annoncée pour prendre la tête des LR ne l’affaibliss­e pas un peu plus.

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(Photo doc Var-matin) Le soutien de David Lisnard, venu en voisin depuis sa ville de Cannes, n’aura pas suffi. Aucun des huit candidats LR ne sera présent au second tour dans le Var. La reconstruc­tion s’annonce longue.
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