Var-Matin (Grand Toulon)

Dans le Var, la Nupes redonne des couleurs à la gauche

Dans un départemen­t très à droite, l’alliance de gauche s’impose comme la troisième force politique. Pour le second tour son message est clair : pas une voix ne doit aller au RN.

- VÉRONIQUE GEORGES vgeorges@nicematin.fr

Si l’alliance de gauche a fait jeu égal, en nombre de suffrages, avec la coalition présidenti­elle au niveau national, il n’en est rien dans le Var, où elle s’impose cependant comme la troisième force politique. La droite républicai­ne divisée tout comme le camp des patriotes, ont offert à la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) une fenêtre de tir qu’elle n’a pas ratée. L’ensemble des candidats y a engrangé une moyenne de 16,28 % des voix avec une belle percée d’Eric Habouzit à Toulon (19,65 %). « Un joli score pour une gauche qui n’a plus d’assise dans le départemen­t. Pas de député, pas de conseiller départemen­tal, pas de conseiller régional, pas de grande ville… Un Var tout en bleu ou bleu marine, où nous avons réussi à introduire du rouge-rosevert, grâce à une union réalisée dans les huit circonscri­ptions. Difficile de faire mieux pour un coup d’essai, coup de maître à mon avis tellement nous partions de loin » commente Catherine Aubry, animatrice La France Insoumise dans le Var-Est et directrice de campagne des candidats Nupes de la 5e circonscri­ption.

Les déçus de la politique de Macron

Qui sont les électeurs de la gauche réunie ? Les jeunes plutôt tentés par l’abstention ne sont pas tous allés à la plage ou à la pêche. Beaucoup d’entre eux ont rejoint les équipes de la Nupes pour tracter sur les marchés, assister aux réunions. « De jeunes salariés, des artisans, de jeunes parents, pour certains nouvelleme­nt arrivés dans la région et effarés par un certain racisme décomplexé qu’ils y ont découvert. Et pour la plupart c’était leur premier engagement » souligne Catherine Aubry.

« Notre électorat, ce sont tous les déçus de la politique de Macron, de toutes les classes sociales, pas seulement des quartiers populaires, remarque Basma Bouchkara, troisième avec 14,87 % des voix dans la 7e circonscri­ption. Des CSP +, des retraités, des jeunes qui ont l’impression d’être complèteme­nt oubliés, la classe moyenne qui ne bénéficie d’aucune aide et qui est la première à subir toutes les augmentati­ons de prix et les taxes.

L’écologie les intéresse aussi, les gens sont inquiets pour l’avenir de la planète. Même dans des villes comme Six-Fours, nous sommes devant Les Républicai­ns. Un électorat de gauche existe, c’est énorme » se réjouit celle qui représente la nouvelle gauche sur La Seyne. Et qui assure : « C’est une force à ne pas négliger ».

Julia Peironet-Bremond, troisième avec 16,27 % dans la 3e circonscri­ption abonde : « Nos électeurs, ce sont des gens favorables à l’union de la gauche, des sympathisa­nts depuis des années, et beaucoup d’écologiste­s, des sociodémoc­rates, des gens du PS qui sont revenus sur leur gauche après avoir été déçus par Macron pour qui ils ne veulent plus voter ». Pour ces derniers, « le point de non-retour c’est la retraite à 65 ans », analyse-t-elle.

Aucune voix au Rassemblem­ent national

En vue du second tour de ces législativ­es, le barrage contre l’extrême droite est mis en avant : tous les candidats Nupes interrogés sont sur ce mot d’ordre : « Pas une voix ne doit aller au Rassemblem­ent national » disentils en choeur. « C’est notre ligne » appuie Basma Bouchkara.

De là à attendre un report de voix de la gauche sur les candidats de la majorité présidenti­elle, il y aunpas: « Le message est clair, après les électeurs feront ce qu’ils voudront. Ils sont agacés par les consignes de vote et disent souvent qu’ils assurent le front républicai­n depuis 20 ans » constate Julia Peironet-Bremond.

Sur la troisième marche du podium, les candidats de la Nupes ont raté leur qualificat­ion en raison de la forte abstention, mais ils ont marqué des points et demeurent remplis d’espoir pour l’avenir. « Nous appelons à prolonger ce que nous avons semé par la montée en puissance de luttes sociales à la hauteur des exigences de changement qui se sont fortement exprimées pendant cette campagne électorale », conclut Alain Bolla, troisième avec 17,80 % dans la 6e circonscri­ption. Et « si ici nous ne sommes pas élus, malgré la bonne campagne que nous avons menée, nous avons un projet clair. J’attends des députés Nupes, qui seront à l’Assemblée nationale, de le consolider », ajoute Julia Peironet-Bremond, qui veut croire en cette dynamique.

 ?? (Photo A. R.) ?? Les huit candidats de la Nupes aux législativ­es sont montés sur la troisième marche du podium dans le Var, devant les Républicai­ns. Absents au second tour, ils demeurent remplis d’espoir pour l’avenir de la gauche unie.
(Photo A. R.) Les huit candidats de la Nupes aux législativ­es sont montés sur la troisième marche du podium dans le Var, devant les Républicai­ns. Absents au second tour, ils demeurent remplis d’espoir pour l’avenir de la gauche unie.
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