Dans le Var, la Nupes redonne des couleurs à la gauche
Dans un département très à droite, l’alliance de gauche s’impose comme la troisième force politique. Pour le second tour son message est clair : pas une voix ne doit aller au RN.
Si l’alliance de gauche a fait jeu égal, en nombre de suffrages, avec la coalition présidentielle au niveau national, il n’en est rien dans le Var, où elle s’impose cependant comme la troisième force politique. La droite républicaine divisée tout comme le camp des patriotes, ont offert à la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) une fenêtre de tir qu’elle n’a pas ratée. L’ensemble des candidats y a engrangé une moyenne de 16,28 % des voix avec une belle percée d’Eric Habouzit à Toulon (19,65 %). « Un joli score pour une gauche qui n’a plus d’assise dans le département. Pas de député, pas de conseiller départemental, pas de conseiller régional, pas de grande ville… Un Var tout en bleu ou bleu marine, où nous avons réussi à introduire du rouge-rosevert, grâce à une union réalisée dans les huit circonscriptions. Difficile de faire mieux pour un coup d’essai, coup de maître à mon avis tellement nous partions de loin » commente Catherine Aubry, animatrice La France Insoumise dans le Var-Est et directrice de campagne des candidats Nupes de la 5e circonscription.
Les déçus de la politique de Macron
Qui sont les électeurs de la gauche réunie ? Les jeunes plutôt tentés par l’abstention ne sont pas tous allés à la plage ou à la pêche. Beaucoup d’entre eux ont rejoint les équipes de la Nupes pour tracter sur les marchés, assister aux réunions. « De jeunes salariés, des artisans, de jeunes parents, pour certains nouvellement arrivés dans la région et effarés par un certain racisme décomplexé qu’ils y ont découvert. Et pour la plupart c’était leur premier engagement » souligne Catherine Aubry.
« Notre électorat, ce sont tous les déçus de la politique de Macron, de toutes les classes sociales, pas seulement des quartiers populaires, remarque Basma Bouchkara, troisième avec 14,87 % des voix dans la 7e circonscription. Des CSP +, des retraités, des jeunes qui ont l’impression d’être complètement oubliés, la classe moyenne qui ne bénéficie d’aucune aide et qui est la première à subir toutes les augmentations de prix et les taxes.
L’écologie les intéresse aussi, les gens sont inquiets pour l’avenir de la planète. Même dans des villes comme Six-Fours, nous sommes devant Les Républicains. Un électorat de gauche existe, c’est énorme » se réjouit celle qui représente la nouvelle gauche sur La Seyne. Et qui assure : « C’est une force à ne pas négliger ».
Julia Peironet-Bremond, troisième avec 16,27 % dans la 3e circonscription abonde : « Nos électeurs, ce sont des gens favorables à l’union de la gauche, des sympathisants depuis des années, et beaucoup d’écologistes, des sociodémocrates, des gens du PS qui sont revenus sur leur gauche après avoir été déçus par Macron pour qui ils ne veulent plus voter ». Pour ces derniers, « le point de non-retour c’est la retraite à 65 ans », analyse-t-elle.
Aucune voix au Rassemblement national
En vue du second tour de ces législatives, le barrage contre l’extrême droite est mis en avant : tous les candidats Nupes interrogés sont sur ce mot d’ordre : « Pas une voix ne doit aller au Rassemblement national » disentils en choeur. « C’est notre ligne » appuie Basma Bouchkara.
De là à attendre un report de voix de la gauche sur les candidats de la majorité présidentielle, il y aunpas: « Le message est clair, après les électeurs feront ce qu’ils voudront. Ils sont agacés par les consignes de vote et disent souvent qu’ils assurent le front républicain depuis 20 ans » constate Julia Peironet-Bremond.
Sur la troisième marche du podium, les candidats de la Nupes ont raté leur qualification en raison de la forte abstention, mais ils ont marqué des points et demeurent remplis d’espoir pour l’avenir. « Nous appelons à prolonger ce que nous avons semé par la montée en puissance de luttes sociales à la hauteur des exigences de changement qui se sont fortement exprimées pendant cette campagne électorale », conclut Alain Bolla, troisième avec 17,80 % dans la 6e circonscription. Et « si ici nous ne sommes pas élus, malgré la bonne campagne que nous avons menée, nous avons un projet clair. J’attends des députés Nupes, qui seront à l’Assemblée nationale, de le consolider », ajoute Julia Peironet-Bremond, qui veut croire en cette dynamique.