Urgences à l’hôpital : un été sous tension
À l’aube d’une période d’été marquée par une charge aiguë de l’activité, il manque huit praticiens sur les dix-huit médecins urgentistes au service des urgences. Quelles solutions ?
La crise sanitaire a été « Le » révélateur d’un malaise profond d’un système de santé sacrifié sur l’autel des lois du marché que n’ont eu de cesse de dénoncer les représentants de soignants et urgentistes depuis des années. Tel un boomerang, l’écho de leurs cris souvent perdus dans les couloirs des ministères de la santé pour alerter et demander plus de moyens humains a fini par fissurer la « vitrine » du service des urgences, toujours en première ligne de l’hôpital public exsangue.
À l’aube du début de la période estivale, « les services des urgences des hôpitaux publics traversent une crise sanitaire sans précédent », alerte la fédération hospitalière de France. Le collectif tire la sonnette d’alarme « pour éviter la rupture de l’accueil aux urgences l’été ». Et celui de l’hôpital d’Hyères, à l’instar d’autres établissements en France, « connaît une fragilité très importante. »
Le contexte
« Comme partout, il y a, à la fois, de la fatigue et de la lassitude de personnels, mais là dans un contexte sanitaire, il faut aussi tenir compte des changements en post-crise Covid », explique
Yann Le Bras, directeur du Centre hospitalier intercommunal Toulon-La Seyne (Chits).
« On évolue sur les attentes en termes de vie professionnelle et personnelle. » Et ce, sans compter les difficultés inhérentes à la médecine de ville et sa démographie médicale en berne. Le recours aux urgences est de plus en plus automatique. « Or, les urgentistes par rapport aux besoins sur l’ensemble du territoire national ne sont pas en nombre suffisant », reconnaît le directeur du Chits. Certains, usés par une médecine d’urgence non reconnue, veulent travailler dans d’autres services de soins avec des conditions de travail et des rémunérations différentes.
L’été plus de 120 passages par jour
À ce contexte multifactoriel, s’ajoute à Hyères, celui touristique avec un afflux plus important l’été aux urgences. Cela représente entre 120 à 140 passages par jour. L’été, il « nous faut 18 médecins. Or, là nous en avons 10 », chiffre Yann Le Bras avec à ses côtés Jacques Ledoux, directeur délégué du CH d’Hyères. Le constat ? « Nous avons 45 % de postes non pourvus à l’entame d’une période d’été aiguë en charge de travail. On a dû chercher comment mieux coordonner les services d’accueil d’urgence entre eux et à préparer plus en amont, dès février, la saison d’été », explique Yann Le Bras. (Lire ci-dessous). Ce travail a été mené par la Fédération des Urgences du Var, le groupement hospitalier des hôpitaux publics du territoire (GHT), les équipes médicales et de direction d’Hyères et de Toulon en lien avec l’agence régionale de santé.
L’engagement salué des médecins
« Le service des urgences a déjà connu des épisodes de points durs fin mai et début juin, mais la continuité de service a pu être assurée grâce à l’engagement et à la bonne volonté des praticiens du centre hospitalier », rassure Jacques Ledoux. Pour éviter que l’été soit celui de tous les dangers, il faut aussi compter sur la médecine de ville. «Ladifficulté est que les médecins libéraux, notamment SOS médecins ont beaucoup de mal à occuper des plages horaires aux urgences pour remédier à ces manques sur le circuit court », rappelle le directeur délégué du CH d’Hyères.
Une « mini maison médicale de garde » qui joue tout son rôle dans un service des urgences qui ne peut être la seule entrée au détriment de l’urgence vitale. Cela repose, aussi, sur le Smur qui « sera assuré », rassure le directeur du CHITS. Toutefois, « d’autres périodes s’annoncent délicates pour l’organisation d’un planning estival complet », alerte déjà Jacques Ledoux. Ce sera le cas avec la mise en place non sans difficulté de la « deuxième ligne Smur H 24, basée chaque été au centre de secours du Lavandou, à partir du 14 juillet, pour faire face à l’afflux touristique spécifique en bord de mer ».
Le recrutement attendu de trois médecins urgentistes à la rentrée devrait apporter une bouffée d’oxygène. En attendant, tout est mis en oeuvre pour éviter l’asphyxie.