L’école des fans
Tous gagnants. Tous contents. Au lendemain du premier tour des élections législatives, on se croirait un peu comme dans la célèbre émission de Jacques Martin : les principales forces en présence trouvent toutes des raisons de chanter victoire, malgré un niveau vocal inégal… La majorité présidentielle et la Nupes, arrivées en tête du scrutin, bien légitimement. Marine Le Pen, qui peut espérer un nombre de députés record pour disposer ainsi d’un vrai groupe à l’Assemblée. Mais aussi, plus surprenant, Les Républicains, qui se voient en pivot dans l’hémicycle pour faire et défaire les propositions de loi, comme le disait Brice Hortefeux hier matin sur BFMTV. Le tout, selon certains représentants LR, en ayant fait le ménage dans les rangs. Même Reconquête !, qui n’aura aucun élu, tente un satisfecit en considérant que ses idées font leur chemin et que ce n’est que partie remise. Tous gagnants, tous contents ? Disons pour l’instant. Car dans ce panorama quasi idyllique, ce sont bien deux coalitions qui ont tiré leur épingle du jeu électoral. Mais il suffirait, comme dans L’école des fans, que l’on apprenne que tonton rejoint maman le soir quand papa est en déplacement, pour que tout parte en vrille. Une image, bien sûr. Mais bel et bien un danger pour les deux vrais vainqueurs de ce premier tour, les alliances pouvant se défaire aussi vite que les mariages quand ressortent les petits secrets de famille. Sans en arriver là, dans la coalition de la Nupes par exemple, la lune de miel pourrait virer à terme au fiel. Une fois que certains députés auront récupéré leur siège et que la bonne entente de campagne entre Insoumis, socialistes et écologistes, aura passé le cap des premières séances parlementaires, les (fortes) dissensions d’antan pourraient refaire surface, la gauche ayant souvent démontré – elle n’est certes pas la seule – sa capacité… de division. Dans la coalition Ensemble ! aussi, les nombreux députés estampillés MoDem mais surtout Horizons semblent inquiéter. Selon les scores de dimanche prochain, les élus d’Édouard Philippe pourraient peser lourd sur les bancs du Palais Bourbon. La crainte ? Qu’une « fronde » puisse apparaître si ce dernier visait réellement 2027. L’ex-Premier ministre pourrait alors vouloir prendre, logiquement, ses distances avec la macronie, pour voguer en solo vers une candidature présidentielle.
Et, sans jouer les oiseaux de mauvaise augure, pas dit qu’au final, contrairement au début de l’histoire, ils en sortent tous gagnants, tous contents.
« Ce sont bien deux coalitions qui ont tiré leur épingle du jeu électoral. »