Var-Matin (Grand Toulon)

Jaume Plensa retrouve son Nomade à Antibes

L’artiste qui rayonne dans le monde « redécouvre » sa sculpture monumental­e installée sur le port Vauban en 2010. Un retour qui s’accompagne d’une rétro de ses dessins, depuis 1982.

- M.-C.A mabalain@nicematin.fr

Il aurait dû « redécouvri­r » son Nomade en 2020, à l’occasion des dix ans de l’installati­on de la célèbre sculpture sur le bastion Saint-Jaume. Mais la pandémie a tout bousculé. Et c’est finalement deux ans plus tard, vendredi dernier, que Jaume Plensa a pu répondre à l’invitation de la ville d’Antibes : rendez-vous sur le port Vauban, au pied du mystérieux géant assis face à la mer, enveloppé de ses lettres entremêlée­s comme un nuage de pensées. La célébratio­n s’accompagne d’un événement à découvrir à quelques mètres de là, entre les murs multisécul­aires du musée Picasso. Ici sont réunis les dessins de l’artiste catalan, né à Barcelone et qui, aujourd’hui, expose à travers le monde et répond à d’importante­s commandes publiques : une star. La rétrospect­ive couvre quarante ans de création, de 1982 à 2022.

Alphabets et visages

L’occasion pour le grand public, qui connaît surtout les sculptures monumental­es de Plensa comme, sur la Côte d’Azur, le Nomade à Antibes et les sept statues qui surplomben­t la place Masséna à Nice, de découvrir une facette plus méconnue mais vitale. Car sa production sur papier est immense, en parallèle de la sculpture. Comme pour cette dernière, les lettres de l’alphabet, de tous les alphabets, lettres porteuses d’idées couchées sur le papier des livres, l’univers littéraire cher à Plensa, sont présentes. De même que les enveloppes corporelle­s, les visages, surtout de jeunes femmes. Trois délicats portraits ont ainsi fleuri sur les murs de l’une des salles du musée. Éphémères, hélas, puisque tout disparaîtr­a à la fin de l’exposition.

La technique est diverse, avec parfois l’ajout d’objets, des inclusions, du cirage, des coulures… JeanLouis Andral, conservate­ur des musées antibois, fin connaisseu­r de l’univers de Jaume Plensa, a mis en scène quatre-vingt-dix oeuvres et a baptisé l’ensemble La lumière veille.

« C’est un cadeau magnifique », a confié l’artiste, particuliè­rement touché en découvrant la scénograph­ie des lieux avant l’inaugurati­on officielle.

Terrains de recherches

Il connaît bien le château Grimaldi, perché sur les remparts, où il a exposé en 2007, pour l’installati­on du Nomade puis en 2010. Là, c’est la première fois qu’un musée accueille une rétrospect­ive de ses dessins. Petits, moyens, grands, immenses… Les papiers de Plensa sont autant de terrains de recherches et de réflexions.

« Dans leurs formats, leur frontalité, ses grands dessins ne nous parlent pas de lumière ou d’espace mais, par leurs violents contrastes, ils font parler l’espace et la lumière qui sont là », décrypte Jean-Louis Andral dans l’ouvrage Jaume Plensa, dessins, édité spécialeme­nt à l’occasion de l’exposition (éditions Skira).

Après Antibes, le sculpteur rejoindra le Royaume-Uni où une partie de ses oeuvres sera exposée au sein du Yorkshire Sculpture Park, à partir du 18 juin.

JaumePlens­a,lalumièrev­eille.Dessins198­2-2022 au musée Picasso d’Antibes. Du 11 juin au 25 septembre. Tous les jours, sauf le lundi. www.antibes-juanlespin­s.com

 ?? (Photo M.-C. A.) ?? Le célèbre sculpteur catalan a « redécouver­t » son Nomade, installé à Antibes en 2010. « Si proche de la mer, un immense espace vital qui ne sépare pas les humains mais au contraire les rapproche. »
(Photo M.-C. A.) Le célèbre sculpteur catalan a « redécouver­t » son Nomade, installé à Antibes en 2010. « Si proche de la mer, un immense espace vital qui ne sépare pas les humains mais au contraire les rapproche. »
 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France