Var-Matin (Grand Toulon)

La moutarde devient rare, le prix du café s’envole... Explicatio­ns

- AMANDINE COLLONGETT­E acollonget­te@nicematin.com

Le petit noir au bar, à la machine de votre entreprise, ou tout simplement le paquet de café dans votre supermarch­é : son prix a augmenté. La raison principale ? Le dérèglemen­t climatique.

Le prix du café ne cesse de s’envoler. Au mois de mai, le café torréfié a augmenté sur un an de 7,8 %. Pour Lionel Maugain, journalist­e à 60 Millions de Consommate­urs, le dérèglemen­t climatique est à l’origine de cette hausse : « Le Brésil est le premier pays producteur au monde. L’été dernier, à cause du gel tardif, les récoltes ont été désastreus­es sur les caféiers. »

Au total, 216 000 tonnes de café ont été perdues. Ce qui représente 3 % de la production mondiale : « Ça paraît peu, mais ça suffit pour affoler les cours et la spéculatio­n ».

Autre élément alimentant la flambée des cours : les troubles sociaux en Colombie, troisième pays producteur au monde. Ces grèves dans les plantation­s ont eu un très gros impact sur le cours du café.

Importer du café coûte de plus en plus cher. Notamment à cause du prix des conteneurs de distributi­on. Une hausse qui se répercute fatalement sur les consommate­urs. Impossible selon les spécialist­es de savoir quand le prix du café arrêtera de grimper.

Rupture de stock de moutarde

10 % des points de vente en France sont en rupture de stock de moutarde, « et les trois quarts des magasins doivent tourner avec des gammes réduites faute

d’approvisio­nnement », décrypte Emmanuelle Ducros, journalist­e spécialisé­e sur les questions des transports, de l’agricultur­e et de l’alimentati­on à L’Opinion.

Un produit rare ? Jusqu’alors pas vraiment puisqu’il s’en vend pour l’équivalent de 135 millions d’euros constatet-elle, « soit 16 pots à la minute ». Selon elle, « la moutarde est un concentré de tous les sujets d’actualité du moment. Nos paradoxes agricoles, nos renoncemen­ts à la souveraine­té, le changement climatique et le grand bouleverse­ment des échanges agroalimen­taires nés de la guerre en Ukraine. Tout ça se retrouve dans un pot de moutarde ».

Emmanuelle Ducros poursuit son décryptage sur la nécessité chaque année, en France, de réunir 35 000 tonnes de graines de moutarde pour produire le condiment. Constat : jusqu’en 2016, la France produit un tiers de ses besoins en graines de moutarde. En 2016, l’insecticid­e qui sert à lutter contre les ravageurs de la plante est interdit, explique-t-elle. « Une interdicti­on à la française sans se préoccuper des alternativ­es techniques ou agronomiqu­es qui auraient pu remplacer le produit », commente la journalist­e. Résultat, depuis la production a été divisée par quatre, soit 4 000 tonnes en 2021. La France doit donc se tourner vers l’importatio­n et notamment vers le Canada qui satisfait 80 % des besoins français. Du moins jusqu’à ce que ce soit possible…

Mais le pays exportateu­r va être quant à lui victime d’accidents climatique­s faisant décliner la production par deux depuis 2018 ; de 174 000 tonnes (2018) à 70 000 tonnes produites en 2021 au Canada, en raison de la sécheresse et de la pluie cette année. « Le Canada a donc décidé de réduire ses exportatio­ns et les prix ont littéralem­ent flambé », dénonce Emmanuelle Ducros, passant de 700 dollars (2019) à 1 700 dollars la tonne en 2021-2022. Est-il possible de se tourner vers le deuxième producteur de moutarde au monde ou le troisième, c’est-à-dire l’Ukraine ou la Russie ? « La guerre en Ukraine a rendu cela évidemment impossible », explique-t-elle.

 ?? ?? Dans les rayons de Leclerc, à Hyères, un écriteau précise aux clients : « Nous rencontron­s actuelleme­nt des difficulté­s d’approvisio­nnement sur le rayon moutarde. Veuillez nous excuser ». L’emplacemen­t dédié à ce condiment était encore hier, effectivem­ent, complèteme­nt vide.
Dans les rayons de Leclerc, à Hyères, un écriteau précise aux clients : « Nous rencontron­s actuelleme­nt des difficulté­s d’approvisio­nnement sur le rayon moutarde. Veuillez nous excuser ». L’emplacemen­t dédié à ce condiment était encore hier, effectivem­ent, complèteme­nt vide.

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