Var-Matin (Grand Toulon)

L’analyse d’une spécialist­e : « Un changement de paradigme »

- PIERRE PEYRET ppeyret@nicematin.fr

« C’est un signal fort qui change beaucoup de choses » Pour Alexandra Goujon, maître de conférence­s à l’université de Bourgogne et autrice du livre

L’Ukraine : de l’indépendan­ce à la guerre (1), cette visite « attendue » des chefs d’États européens s’est soldée par « une surprise ».

« Emmanuel Macron, Mario Draghi et Olaf Scholz ne pouvaient pas arriver avec une meilleure posture », poursuitel­le. Le président français, le président du Conseil italien et le chancelier allemand, au terme de cette visite espérée de longue date et qui les a menés de la ville bombardée d’Irpin au palais présidenti­el de Kiev, se sont tous positionné­s en faveur de l’octroi « immédiat » à l’Ukraine du statut officiel de candidat à une adhésion à l’Union européenne.

« Ce sont trois poids lourds de l’Union européenne qui soutiennen­t cette décision. D’autres États, comme les Pays-Bas ou l’Autriche, seront réticents, mais il y aura d’autres soutiens à cette annonce, comme les Pays baltes. De toute façon, ils ne se sont pas déplacés sans garantie de parvenir à une décision positive », veut-elle croire. Les Vingt-Sept doivent prendre une décision sur cette question à l’unanimité lors du sommet européen des 23 et 24 juin.

« L’Ukraine peut choisir son destin »

« C’est un changement de paradigme si ce statut de candidat est accepté », insiste l’universita­ire. Et d’expliquer : « Depuis 2004, l’Union européenne était dans une politique de voisinage et non d’élargissem­ent. L’Ukraine, en 2005, avait déposé une demande d’adhésion à l’Union européenne, mais s’était vu proposer cette alternativ­e qu’est la politique de voisinage. Une politique qui visait notamment à ménager la Russie. Si l’Ukraine peut intégrer l’Union européenne, cela peut dire que d’autres pays le pourraient aussi, des pays voisins notamment, et cela va forcément irriter la Russie. »

À ses yeux, le moment est donc important. « Cela montre la déterminat­ion de l’Union européenne à soutenir l’Ukraine. Ce discours vient clarifier tout ce qui a pu être dit et qui a pu ternir les relations.

“Cette guerre va changer l’histoire de l’Europe”, a dit Emmanuel Macron. Là, ils reconnaiss­ent l’indépendan­ce de l’Ukraine et un point : l’Ukraine peut choisir son destin. »

Alexandra Goujon souligne enfin un autre signe qui témoigne de l’engagement de l’UE sur le long terme auprès de l’Ukraine. Et cela passe par une déclaratio­n de Mario Draghi après sa visite d’Irpin. Le président du Conseil italien a annoncé : « Nous reconstrui­rons tout. »

1. Éditions Le Cavalier bleu.

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(Photo DR) Alexandra Goujon est maître de conférence­s à l’université de Bourgogne.

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