Coup de filet anti-stups à Cannes
À l’aube, hier, le vacarme de portes défoncées a soudain troublé le réveil de La Frayère, à CannesLa Bocca.
Sur commission rogatoire d’un juge d’instruction, la police nationale a mené une opération « coup de poing » dans ce quartier réputé pour le trafic de stupéfiants, qui empoisonne la vie de nombreux résidents.
Une dizaine de kilos de haschich
Assistés des spécialistes en intervention du Raid, des effectifs de Cannes et Nice ont investi simultanément sept immeubles de ces logements sociaux, certains intra-muros à la cité Sainte-Jeanne (le long de l’avenue des BuissonsArdents), d’autres en périphérie immédiate (boulevard Louis-Negrin, avenue Michel-Jourdan). Les forces de l’ordre ont passé au crible à la fois des appartements et les parties communes des habitations, à la recherche de la moindre planque.
Le flair de quatre chiens antistups a contribué à détecter une dizaine de kilos de résine de cannabis, ainsi que plusieurs dizaines de milliers d’euros. Huit suspects ont également été interpellés. Leur profil ? des résidents âgés de 38 à 51 ans, dont beaucoup ont déjà des antécédents judiciaires. Ils ont été placés en garde à vue pour trafic ou détention de stupéfiants au commissariat de Cannes. « Ce sont des personnes expérimentées, qui ont des responsabilités au sein du réseau, soit à un poste dirigeant, soit dans le stockage des stupéfiants », précise le procureur de Grasse, Damien Savarzeix.
Ces derniers mois, plusieurs « charbonneux » (ces petites mains qui vendent au bas des résidences) ont déjà été interpellés à La Frayère. Mais cette fois, il s’agissait de viser plus haut dans la hiérarchie de cette voyoucratie, de frapper plus fort. Car ce coup de filet n’est pas le fruit du hasard.
Une enquête de longue haleine
« C’est le résultat d’un gros travail de fond mené par cinq enquêteurs de la brigade des stups à Cannes, dans un secteur pourtant très difficile à pénétrer à cause des guetteurs et de la complicité tacite de certaines familles qui profitent des retombées économiques du trafic », indique le commissaire central Christophe Briez, chef du district.
Toutes les techniques d’investigation moderne ont été employées pour identifier l’architecture et les lieux de stockage d’un réseau qui fonctionne depuis de nombreuses années à La Frayère. « Le quartier est connu et reconnu pour son approvisionnement en résine de cannabis, réputée de bonne qualité. » Avec des profits juteux à la clé, on s’en doute. Le procureur Damien Savarzeix se félicite aussi de la bonne coopération avec la police municipale de Cannes, qui a également fourni de précieuses indications, en prélude à cette intervention. Le coup de filet vise donc à mettre un coup d’arrêt à ce trafic local. Reste qu’en la matière, hélas, la nature a souvent horreur du vide.