Var-Matin (Grand Toulon)

En 1964, un contre-la-montre au départ d’Hyères, un Français en jaune et... des bains de pieds

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Il était dit que la rivalité entre Jacques Anquetil, quatre Grandes boucles au compteur, et le populaire Raymond Poulidor, récent vainqueur de la Vuelta, passionner­ait tout un pays. Le Tour de France de l’année 1964 n’a pas déçu. C’est finalement le champion vétéran (Anquetil) qui l’emportera pour 55 secondes devant « Poupou », après moult péripéties et un duel légendaire sur les pentes du Puy de Dôme.

À l’époque, comme en ce 1er juillet, on pouvait courir deux étapes dans la même journée ! Voyez plutôt : le matin, un Monaco - Hyères de 188 kilomètres pour se mettre en jambes. Et en verve, quand il s’agit pour Antoine Blondin, plume du journal L’Équipe, d’évoquer la poésie d’un passage sur la Côte d’Azur : « L’itinéraire avait des saveurs de dépliant touristiqu­e et des couleurs de carte postale. Il tirait son seul relief de l’anatomie humaine, échantillo­nnée le long de la route dans des postures d’abandon qui évoquaient davantage le pédalo que la bicyclette… »

Puis l’après-midi, place au tout premier contre-la-montre du Tour, assez roulant, entre Hyères et Toulon. Les coureurs, au rang desquels on comptait aussi Federico Bahamontes ou Tom Simpson, ont rendez-vous à l’école Jules-Ferry, dans la cité des palmiers, pour le contrôle de signatures. Et partir ensuite s’affronter sur 20,8 km, en passant par la Moutonne, Le Pradet, La Garde, le Pont-de-Suve, avec une arrivée jugée au stade Font-Pré.

Dalida au « village » !

« Pour moi, ça reste un super souvenir, confie Georges Groussard, 85 ans, depuis sa Bretagne natale. Celui qui est alors surnommé le « petit coq de Fougères » est en jaune quand la caravane aborde la capitale du Var. J’avais pris le maillot deux jours avant et je craignais de le perdre contre Anquetil, bien plus fort que moi dans l’exercice du chrono. Au final, j’ai tenu bon. » « Maître Jacques » remportera l’étape à 44,784 km/h de moyenne, avec 36 secondes d’avance sur Raymond Poulidor et 2’51’’ sur Georges Groussard, qui sauve sa place de leader au classement général.

Celui qui restera dix jours en jaune, portant haut les couleurs de Pelforth sur les routes de France, ne se souvient guère, par ailleurs, de son passage au pied du Faron. Pas même du tour de chant effectué sur le podium Europe 1, comme après chaque arrivée au « village », par une jeune artiste prénommée Dalida. Et pas plus des violences policières sur des journalist­es (!) dénoncées par le journal Le Monde.

Mais d’autres images cocasses, du lendemain cette fois, lui reviennent. «Ilfaisait encore une chaleur suffocante ,se souvient Georges Groussard. On devait rallier Montpellie­r et ça ne roulait pas fort. Certains en ont profité pour tremper leurs pieds dans la Méditerran­ée. Ils l’ont vite regretté : avec le sel, je ne vous dis pas les brûlures… »

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(Photo DR - lagrandebo­ucle.com) Jacques Anquetil, vainqueur du contre-la-montre de Toulon, félicite Georges Groussard, porteur du maillot jaune.

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