Var-Matin (Grand Toulon)

Camille Mortenol donnera-t-il son nom au futur porte-avions ?

- P.-L. PAGÈS plpages@varmatin.com

En 2038, le remplaçant du Charles-de-Gaulle, simplement désigné pour l’heure comme porte-avions de nouvelle génération (PA-Ng), entrera en service. Ce n’est certes pas la priorité du moment, mais il faudra bien trouver un nom pour le futur fleuron de la Marine nationale et ses 75 000 tonnes de diplomatie !

Le sujet passionne déjà. Ainsi, en décembre 2020, les lecteurs de Var-matin avaient été nombreux à nous faire part de leurs propositio­ns avec, à l’arrivée, le tiercé gagnant suivant : Napoléon Bonaparte, loin devant Valéry Giscard d’Estaing et Jacques Chirac. Plus récemment, en mai 2021, Nicolas Mioque, un blogueur varois passionné d’histoire navale et d’onomastiqu­e (étude des noms propres donnés aux navires) émettait des doutes sur le choix d’un nom de personne, « qui ne manquerait pas de faire naître des polémiques ». Dans la foulée, il confiait : « Je les vois bien partir sur quelque chose de plus général et consensuel, comme La République ».

Le lancement le 29 mai dernier de notre nouvelle rubrique consacrée à la Marine nationale et la Défense relance le débat. En réaction à l’article que nous avions consacré à l’avancée des études liées au PA-Ng, Alain Pierret, ancien ambassadeu­r de France, aujourd’hui retiré à Saint-Maximin-la-SainteBaum­e, dans les terres varoises, propose le plus sérieuseme­nt du monde de baptiser le futur porteavion­s du nom de Mortenol. « Capitaine de vaisseau Mortenol », plus exactement. Alain Pierret a de la suite dans les idées puisqu’il avait déjà fait cette suggestion à Florence Parly, l’ancienne ministre des Armées, dans un courrier daté du 8 février 2018.

Il faut dire que, sans même céder au wokisme et à la cancel culture ambiantes, le nom de Sosthène Héliodore Camille Mortenol a du sens. « Fils d’esclave, marin et artilleur » .Si cette descriptio­n, utilisée par Alain Pierret en titre d’un article paru en 2015 dans la revue de l’école

Polytechni­que, est plutôt sommaire, elle attire immanquabl­ement l’attention.

Polytechni­cien en 1880

L’ancien ambassadeu­r de France voue en réalité une sincère admiration au capitaine de vaisseau Mortenol qu’il qualifie d’« homme exceptionn­el ». Citant les mots de Gaston Monnervill­e, président du Sénat de 1958 à 1968, qui jugeait Mortenol « mieux qu’un exemple, un modèle », Alain Pierret revient un peu plus longuement sur le parcours hors norme de cet enfant des Antilles. « Fils d’esclave guadeloupé­en affranchi, il fut reçu à l’École polytechni­que en 1880. Sorti à la 18e place, il choisit la Marine nationale. En 1915, il fut appelé par le général Gallieni, gouverneur militaire de Paris, pour prendre le commandeme­nt de la défense antiaérien­ne de la capitale contre les incursions et bombardeme­nts de l’aviation allemande », détaille le SaintMaxim­inois.

Reste à savoir si le Service historique de la Marine, le bureau programme de l’étatmajor de la Marine et le cabinet du chef d’état-major de la Marine, les trois entités qui intervienn­ent généraleme­nt dans le choix du nom de baptême d’un navire de guerre, se montreront sensibles à de tels états de service…

‘‘ Fils d’esclave, marin et artilleur (...) Un homme exceptionn­el”

 ?? (Repro et photo DR) ?? En 1920, Camille Mortenol, alors âgé de 61 ans, est promu commandeur de la Légion d’honneur. « Mieux qu’un exemple, un modèle » digne de donner son nom au futur fleuron de la Marine nationale : le PA-Ng.
(Repro et photo DR) En 1920, Camille Mortenol, alors âgé de 61 ans, est promu commandeur de la Légion d’honneur. « Mieux qu’un exemple, un modèle » digne de donner son nom au futur fleuron de la Marine nationale : le PA-Ng.

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