Un raz-de-marée RN déferle sur le Var
Un tsunami ! Le Rassemblement national a remporté hier soir sept circonscriptions sur huit dans le département, terrassant la majorité présidentielle et les députés macronistes sortants.
Une élection chambouletout. Et des rapports totalement inversés entre majorité présidentielle et Rassemblement national dans le Var après ce second tour des législatives.
Duels au soleil
Si en France, les étiquettes ont été assez panachées au sortir du 1er tour, avec des candidats oscillant entre majorité présidentielle (Ensemble !), Rassemblement national (RN), la nouvelle donne Nupes à gauche – à son apogée au niveau hexagonal – ou encore Les Républicains (LR), le Var, lui, est resté très binaire. Dans les huit circonscriptions, ce sont des duels (forcément au soleil avec la météo d’hier) à 100 % Ensemble ! et RN. Pas vraiment d’originalité par rapport à une présidentielle qui avait déjà imposé ces deux forces en tête de scrutin. Et sans effet « front républicain » au mois d’avril. C’était bien de nouveau la question, avec, de plus, des réserves de voix semblant bien volatiles : le vote Reconquête allait-il tomber dans l’escarcelle RN ? Les bulletins LR, malgré le faible score du 1er tour, se reporteraient-ils vers le parti présidentiel ? Quant à l’Ovni Nupes – dont les candidats varois ont appelé à ne donner aucune voix au RN – bien malin qui pouvait prédire à qui profiteraient ses 16,28 % des voix varoises.
Pas de front contre le RN
Du jamais vu ! Yann Piat et, de manière plus éphémère, Cendrine Le Chevallier, étaient jusqu’ici les dernières députées à avoir porté les couleurs de Le Pen (père à l’époque) au Parlement pour le Var. Plus rien depuis 1998. Autre temps, autre époque, vous diront militants et candidats (c’est du moins ce que déclarait Laure Lavalette dans nos colonnes au lendemain du 1er tour). Et pour cause : le Rassemblement national est proche du grand chelem et remporte… sept circonscriptions sur huit. Un tsunami. Ce sont ainsi sept députés qui entreront au Palais Bourbon via cette porte électorale grande ouverte. Une première depuis 32 ans, donc, et un front républicains qui a fait, comme pour la présidentielle, pschitt… On pourrait même parler d’un front anti-Macron dans le Var, certaines voix de gauche ayant ouvertement appelé au vote RN afin que le Président réélu soit privé de majorité absolue à l’Assemblée. Il faut dire également que pour la première fois, le RN disposait d’une réserve de votes, zemmouriste, pouvant être l’une des clés pour l’accession à l’Assemblée de plusieurs de ses candidats. C’est chose faite.
Si l’on ne devait faire qu’un zoom, sur la 4e, au coeur de toutes les attentions médiatiques durant les mois précédents le scrutin, les bulletins d’Éric Zemmour, éliminé d’une courte avance par le RN dimanche dernier, semblent bien s’être reportés sur Philippe Lottiaux. Sans rancune. On aurait pu en douter tant le parti de Jordan Bardella était dans le viseur du polémiste pendant une campagne âpre envers le RN. Les électeurs de ce secteur ont su visiblement dépasser ces petites perfidies entre amis.
Ensemble ! mais tout seul
Les candidats estampillés Macron pouvaient eux aussi viser un grand chelem, malgré quelques places marquées du sceau du ballottage défavorable, au lendemain du 1er tour. Patatras. Ensemble ! s’écroule, en miroir au score de la présidentielle dans le Var : le chef de l’État n’avait obtenu que 44,90 % des suffrages exprimés dans l’ensemble du département. Tandis que la majorité présidentielle avait trusté six circonscriptions sur huit en 2017, elle perd ainsi ses quatre députés sortants (Cécile Muschotti, Fabien Matras, Valérie Gomez-Bassac et Philippe Michel-Kleisbauer) et ne parvient
pas à hisser ses nouvelles têtes (Ange Musso et Isabelle Montfort) au sommet parlementaire. Pour Ensemble !, seul Yannick Chenevard tire son épingle du jeu de massacre électoral pour le parti présidentiel.
Traversée du désert électoral local
Quant à se projeter dans l’avenir pour dessiner un nouveau paysage politique ? Mission quasi impossible tant la prochaine échéance locale semble éloignée. Les élections européennes auront bien lieu dans 2 ans, mais il s’agit d’un scrutin quelque peu particulier, éloigné, pour beaucoup, de leurs préoccupations du quotidien. Deux années où tout peut arriver, cela étant, tant les lignes bougent rapidement dans le pays… et le département. Il faudra plutôt se tourner vers les municipales pour observer la tectonique des plaques locales mais cette fois… en 2026. Et d’ici là, beaucoup d’eau peut encore couler sous les (futurs) ponts entre formations politiques.