Var-Matin (Grand Toulon)

Des riverains se dressent contre une antenne-relais

L’opérateur de téléphonie mobile Free a obtenu l’autorisati­on d’édifier un pylône abritant trois antennes-relais. Des habitants contestent l’emplacemen­t choisi.

- VIRGINIA DRAI vdrai@nicematin.fr

Avec une telle vue, on peut comprendre les riverains qui ne voient pas d’un bon oeil l’implantati­on d’un pylône de radiotélép­honie mobile de 33 m de hauteur, juste en face de leurs domiciles.

Carole Schickel et Alain Giraud n’ont été informés de ce projet qu’en apercevant de chez eux l’affichage de la déclaratio­n préalable, quelques jours après l’arrêté du maire, pris le 25 mars 2021.

Electro hypersensi­bles

Leurs voisins, Denis et Maryline Vassallo, ont immédiatem­ent rédigé un courrier à la municipali­té, sollicitan­t le changement de lieu de l’implantati­on de l’antenne, après avoir obtenu le soutien et les signatures de nombreux villageois.

Car, non seulement le pylône de 33 m de hauteur, situé à 500 m de leur maison, gâcherait la vue imprenable dont ils bénéficien­t, mais surtout, il obligerait le couple et leurs trois enfants à déménager. La raison ? Maryline Vassallo et l’un de ses fils souffrent d’une hypersensi­bilité aux ondes radioélect­riques, découverte lorsque la famille résidait dans le logement de fonction attribué à son mari, ancien salarié d’EDF, particuliè­rement exposé aux ondes. Le diagnostic a été confirmé par un médecin, faisant état de « troubles de type fatigue chronique, oppression­s, douleurs osseuses, troubles de la mémoire lors d’exposition aux ondes domestique­s et champs électromag­nétiques. Les troubles cessent lors de la non-exposition aux rayonnemen­ts. »

Zone Natura 2000

Un collectif de dix-sept riverains s’est alors formé, bien décidé à voir cette antenne déplacée. Comme l’impose la procédure, ils ont commencé par un recours gracieux au maire de la commune, lui demandant de revenir sur l’autorisati­on accordée à l’opérateur de téléphonie mobile. Sans succès, les époux Vassallo ont porté l’affaire devant le tribunal administra­tif de Toulon, sollicitan­t l’annulation de l’arrêté municipal. Au soutien de cette demande, outre les risques pour la santé de Mme Vasssallo et son fils, le couple invoque divers motifs, dont l’absence de consultati­on des habitants sur ce projet, ou la perte de valeur des biens immobilier­s situés à proximité.

Les potentiell­es atteintes à l’environnem­ent sont également pointées du doigt, l’emplacemen­t choisi, quartier Coste Longue, se trouvant sur un site classé Natura 2000, et en bordure de la zone d’étude de la tortue d’Hermann.

L’exposition aux ondes risquerait de perturber la faune protégée, selon des études scientifiq­ues fournies par les requérants.

Un autre site plus adapté

L’avocat du couple, Me François Toucas, précise que de nouveaux éléments seront portés à la connaissan­ce du tribunal. Ses clients ont en effet été informés d’un autre projet d’installati­on d’une antenne-relais dans la commune, par l’opérateur Bouygues Télécom, situé lieu-dit Pie Roulan. L’emplacemen­t couvrirait davantage de zones blanches identifiée­s que celui de Free. De fait, le collectif affirme bénéficier de la 4G dans leur secteur. C’est pourquoi il milite pour un déplacemen­t du projet à Pie Roulan, site plus apte, selon eux, à assurer une couverture réelle des zones blanches sur le territoire. Contactée, la société Free n’a pas répondu à nos sollicitat­ions à ce jour.

Le sort du pylône de téléphonie mobile et de ses riverains est désormais entre les mains de la justice.

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(Photos Gilbert Rinaudo) Le projet d’installati­on d’un pylône de radiotélép­honie dépasserai­t la cime des arbres de 15 à 20 m.

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