Var-Matin (Grand Toulon)

Macron peut-il utiliser l’article 49.3 ? Et maintenant, quels scénarios possibles ?

Contraint de gouverner avec une majorité relative au Palais Bourbon, le Président dispose de marges de manoeuvre extrêmemen­t réduites.

- LIONEL PAOLI lpaoli@nicematin.fr

D’une assemblée à sa botte à un hémicycle globalemen­t hostile, Emmanuel Macron va devoir apprendre à gouverner autrement. Sera-t-il en mesure de faire adopter ses réformes, ou même d’exercer son mandat jusqu’au bout ? Questions et réponses.

Le Président peut-il nouer un accord de législatur­e ?

Avec ses 245 députés, le chef de l’État pourrait être tenté de négocier un accord de législatur­e avec l’opposition pour toute la durée du mandat, afin d’être assuré de disposer d’au moins 289 voix – seuil de la majorité absolue – pour faire adopter ses textes. Oui, mais… avec qui ? Ce n’est pas envisageab­le avec la Nupes ou le RN. Cela aurait pu l’être avec LR. Mais le patron des Républicai­ns, Christian Jacob, a rejeté hier après-midi toute forme de pacte, de coalition ou d’accord « sous quelque forme que ce soit. »

Peut-on imaginer des accords au cas par cas ?

C’est l’option choisie entre 1988 et 1993 par François Mitterrand. Mais le Président socialiste disposait de 275 élus à la chambre basse : il lui suffisait de 14 voix supplément­aires pour être majoritair­e. Des soutiens qu’il pouvait glaner soit sur sa gauche (25 élus PCF), soit vers le centre (41 UDC). Avec 44 alliés à trouver, l’affaire est autrement plus complexe pour Macron.

L’article 49 alinéa 3 de la Constituti­on permet au gouverneme­nt de faire passer le texte qu’il présente sans vote, à condition d’engager sa responsabi­lité devant le Parlement. Depuis 1958, il a été utilisé 87 fois. Le record est détenu par Michel Rocard, qui s’en est servi 28 fois de 1988 à 1991. Depuis 2008, son recours est limité : il ne peut être utilisé que pour un seul texte par session parlementa­ire, hors projets de loi de finances ou de financemen­t de la sécurité sociale.

Peut-il passer par des référendum­s ?

L’article 11 de la Constituti­on permet d’organiser des référendum­s sur toutes les questions relatives à la politique économique, sociale et environnem­entale du pays. Un usage systématiq­ue, pour contourner le Parlement, serait forcément jugé antidémocr­atique.

Peut-il dissoudre l’Assemblée nationale ?

Oui, il pourrait le faire dès à présent. Mais au regard des résultats du scrutin de dimanche, ce serait suicidaire : la vague antiMacron pourrait le frapper plus durement encore ! La Constituti­on impose un délai d’un an entre deux dissolutio­ns.

L’opposition peut-elle faire tomber le gouverneme­nt ?

Oui. Cinquante-huit députés suffisent pour déposer une motion de censure. Si cette dernière est adoptée par 289 députés, le gouverneme­nt est contraint de démissionn­er. Ce serait le cas si la Nupes, le RN et LR votaient ce texte à l’unisson.

Élisabeth Borne peutelle rester 1re ministre ?

La question se pose, après la sévère défaite de la majorité au second tour des législativ­es. Mais cela relève du choix du Président : rien ne lui impose de changer de chef de gouverneme­nt.

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