Var-Matin (Grand Toulon)

Le mouvement centriste initié par Macron a-t-il vécu ?

Après la poussée du Rassemblem­ent national, le rapprochem­ent entre certaines anciennes personnali­tés LR de la région et la majorité présidenti­elle a-t-il encore un avenir ?

- P.-L. PAGÈS

J «’ai mal à mon Var natal. Quel échec ! Hubert Falco est responsabl­e de ce fiasco… ». Dimanche soir, Alexandre Zapolsky, candidat malheureux La République en Marche il y a cinq ans dans la 3e circonscri­ption du Var, n’avait de mots assez durs à l’encontre du maire de Toulon. Mais plus que le ralliement de ce dernier à la majorité présidenti­elle, c’est l’énergie qu’il a mise pour imposer ses candidats que critique Alexandre Zapolsky. Notamment dans la 2e circonscri­ption où Cécile Muschotti n’a pas pu se représente­r. « Les électeurs d’Ensemble ! n’ont pas compris qu’elle soit ainsi évincée alors qu’elle avait un bon bilan. Les gens sont dégoûtés par la politique politicien­ne menée depuis trop longtemps dans le Var et par les tripatouil­lages au moment des investitur­es ».

Cécile Muschotti n’est pas aussi radicale dans ses déclaratio­ns. En tout cas, elle ne prétend pas qu’elle aurait gagné si elle s’était représenté­e dans la deuxième circonscri­ption. Citant le cas de ses collègues Valérie Gomez-Bassac et Fabien Matras, « des députés bien connus sur leur territoire et pourtant battus », elle déclare : « l’ancrage local n’a pas de plusvalue pour une élection nationale ».

En revanche, elle reproche davantage le ralliement tardif, sinon «opportunis­te » des élus varois, y compris d’Hubert Falco, à la Majorité présidenti­elle, « alors que pendant quatre ans, ils n’ont pas arrêté de taper sur la politique du gouverneme­nt ». Mais l’ancienne députée du Var ne tait pas non plus les propres responsabi­lités de son camp dans la défaite. « Si l’électorat d’Emmanuel Macron s’est déplacé pour la Présidenti­elle, il ne l’a pas fait pour ces législativ­es qui, malheureus­ement, semblent sans importance à nombre de nos concitoyen­s. Le discours du «ni Nupes, ni RN» a également été une grave erreur de notre part ».

Manque d’unité

Autre parti, autre analyse. Pour Frédéric Masquelier, secrétaire départemen­tal LR du Var, « ces élections législativ­es montrent les limites de la capacité d’Emmanuel Macron à pouvoir rassembler » .Il pronostiqu­e même «lafindeMac­ron qui a réussi à ce qu’on revienne à la IVe République ». Autrement dit à une France ingouverna­ble. Et ne comptez pas sur LR pour se rapprocher de la majorité présidenti­elle relative. « Le parti Les républicai­ns n’a pas vocation à être un parti supplétif ».

À la Région, là encore on a une lecture différente du dernier scrutin. Dans l’entourage de Renaud Muselier (1), on ne remet nullement en cause le rapprochem­ent avec Emmanuel Macron. « Ce rapprochem­ent était une volonté politique très claire : face à la place historique­ment élevée du Rassemblem­ent national en Paca, démocrates et républicai­ns étaient convaincus qu’il fallait s’unir pour gagner. Et cette stratégie a fonctionné aux Régionales parce que nous sommes partis unis. Ce qui n’a pas été le cas lors de ces législativ­es ». Mais on n’oublie pas pour autant de faire remarquer « la poussée historique du Rassemblem­ent national qui multiple par onze le nombre de ses députés ! »

Hubert Falco à qui certains voudraient faire porter le chapeau. Du moins pour le Var. «Jenesuis pas la cause de tout ça. Le Var n’est pas le seul départemen­t à avoir basculé à l’extrême droite. Le Rassemblem­ent national compte 90 députés », se défend le maire de Toulon.

Quant à savoir si les résultats auraient été différents s’il n’avait pas quitté LR. « Le front populiste a remplacé le front républicai­n, alors je ne suis pas persuadé que les candidats que je soutenais auraient réalisé de meilleurs scores si j’étais resté chez LR. Mais je ne pouvais pas rester dans ce parti dont j’ai été parlementa­ire pendant plus de 25 ans après avoir été traité de malfaisant. Je ne regrette pas ma stratégie d’avoir soutenu la majorité présidenti­elle ». 1. Le président de la Région n’a pas souhaité s’exprimer hier. De même, nous n’avons pas réussi à joindre ni Christian Estrosi, ni Éric Ciotti.

 ?? (Photo doc Valérie Le Parc) ?? La large coalition – « des écologiste­s raisonnabl­es jusqu’à la droite gaulliste » – dès le premier tour des Régionales de 2021 qui avait permis de gagner face au Rassemblem­ent national n’a pas été reconduite lors des législativ­es. L’extrême droite en a profité.
(Photo doc Valérie Le Parc) La large coalition – « des écologiste­s raisonnabl­es jusqu’à la droite gaulliste » – dès le premier tour des Régionales de 2021 qui avait permis de gagner face au Rassemblem­ent national n’a pas été reconduite lors des législativ­es. L’extrême droite en a profité.

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