Var-Matin (Grand Toulon)

Caprices et casse-têtes de vedettes en coulisses La classe de Michael Douglas

Les organisate­urs du 61e Festival TV de Monte-Carlo se mettent en quatre pour répondre à des demandes aussi exubérante­s et oppressant­es que classes et tendres de leurs invités. Indiscréti­ons.

- THOMAS MICHEL tmichel@nicematin.fr

Quand on propose à un acteur de représente­r son projet à Monaco, rares sont ceux qui disent non. Tous s’estiment choyés comme nulle part ailleurs ici. » Derrière ce constat de Cécile Menoni, directrice exécutive du Festival TV de MonteCarlo, se cache un travail de sape à l’année pour les 35 membres de l’organisati­on. « On arrive de plus en plus à anticiper les problèmes qui peuvent survenir. Gérer l’imprévu c’est notre métier après tout. Il y a des cas plus compliqués que d’autres, mais généraleme­nt on y arrive. [rires] » Si certaines stars sont aussi indépendan­tes que respectueu­ses ; d’autres, plus starlettes, nécessiten­t une assistance permanente. Aux frontières du ridicule parfois. Caprices, demandes insolites, pressions d’agents zélés et grande classe de certains acteurs, Monaco-Matin vous emmène derrière la caméra. Là où, sans fard, les vraies personnali­tés se révèlent.

Un jet privé pour Jessica Alba

Chaque vedette qui foule le tapis rouge du Grimaldi Forum est prise en charge du moment où elle quitte son domicile jusqu’à son retour (lire ci-dessous). Et parfois, une simple escale vire à la course contre-la-montre.

En 2019, la série L.A.’s Finest [Bad Boys version féminine, Ndlr] était projetée en avant-première à Monaco. Pourtant, à quelques heures du tapis rouge, branle-bas de combat en coulisses. Star du programme, Jessica Alba lance une fusée d’alerte. Elle est bloquée à l’aéroport de Londres après avoir perdu son passeport.

« Il a fallu trouver une solution en urgence, se remémore Louise Zufferey, responsabl­e de l’accueil des vedettes US. On a essayé de voir avec les douanes s’ils pouvaient lui faire un laissez-passer sachant qu’elle avait déjà fait un vol Los Angeles-Londres avec ses papiers d’identité. Elle est aussi allée à l’ambassade pour refaire son passeport… » Bien qu’entourée de trois assistants personnels, c’est de son hôte monégasque qu’elle attend alors la solution. « Dans ces moments-là, on sent que les publiciste­s ont besoin d’être pris par la main. Ce sont de grands bébés. »

Finalement, c’est un jet privé qui sera affrété pour extraire Jessica Alba de son île. Après un atterrissa­ge à 18 h 10 à Nice et un crochet make-up à l’hôtel, l’actrice apparaît à 19 h sur le tapis rouge pour la photo avec le Prince. À l’heure. « Les Américains demandent plein de choses mais, une fois sur place, ils sont profession­nels jusqu’au bout des ongles. »

Un art du poker face qui ne saurait faire oublier certains comporteme­nts. Non pas qu’Hollywood soit désagréabl­e – « Ils sont même très sympas », assure-t-on au Festival – mais plutôt que certaines de vos stars préférées ont encore besoin qu’on leur glisse leur goûter dans la poche avant d’aller au travail. Sous peine de comédies…

« Comme Le Diable s’habille en Prada »

Oublis de passeport, pertes de bagages, supplément­s bagages, besoins de navettes, refus d’être assis à côté d’untel… chaque année la gestion des transports représente le plus gros casse-tête pour l’organisati­on. « C’est comme Miranda Priestly dans Le Diable s’habille en Prada, résume Louise. Tu essayes de leur expliquer que l’avion est plein et que ce n’est pas possible, mais ils demandent quand même de faire quelque chose. » À en devenir chèvre.

Comme cette actrice qui avait loupé sa connexion à Londres et refusait de passer la nuit sur place au Sofitel. À tergiverse­r, l’hôtel finit par afficher complet, lui imposant d’aller crécher en dehors de l’aérogare. Volte-face, elle réclame alors une chambre au Sofitel. Ou rien. Elle finira par l’avoir grâce à l’entremise de British Airways, partenaire de longue date du Festival. D’autres ne sont jamais arrivés à Monaco. Comme cet acteur américain en partance de Chicago et soudaineme­nt perdu de vue, y compris par ses cinq agents ! Pamela Anderson, elle, ne voulait pas partir ! Il aura fallu un coup de main de la sécurité pour qu’elle libère sa chambre à Monaco.

Le constat est unanime. Le temps de l’exubérance est passé. D’un côté, les stars se méfient de leur ombre par crainte d’un bad buzz sur les réseaux sociaux. De l’autre, les studios se serrent la ceinture et misent sur les soirées de leur hôte monégasque. « C’est fini les notes de restaurant astronomiq­ues ! Les studios ont de moins en moins de budget », glisse-t-on en coulisses. D’autres besoins émergent en revanche. La grande mode ? Les régimes individuel­s. Eau de coco uniquement pour certains, fruits précis pour les autres. Cette année, la palme revient à une « accro » à une grande enseigne de MonteCarlo. « Il lui faut absolument un café latte coconut, sinon elle ne peut pas continuer à faire les interviews parce qu’elle est trop fatiguée. » Certaines demandes sont plus attendriss­antes. Une actrice de

Grey’s Anatomy avait ainsi demandé un frigo supplément­aire dans sa chambre car elle devait tirer son lait pour son bébé. Des futilités gommées par des leçons d’humilité et de courtoisie. Au rang des masterclas­s, on retrouve Michael Douglas, en 2019.

« Nous lui avions mis un agent de sécurité à dispositio­n, raconte Louise.

Il m’a appelée le lendemain pour qu’on l’enlève car il voulait être libre en sortant le matin et venir à pied au Festival. D’autres, avec un standing 1 000 fois inférieur, nous ont demandé un agent… »

Quant à Ron Perlman, dimanche encore il appelait Louise Zufferey en personne pour s’assurer qu’il pouvait partir en balade avec son épouse sans faire défaut au Festival. Idem pour Jane Seymour, partie vivre la dolce vita en Italie pour la journée.

« Au final, tous nos invités acceptent de revenir et, pour la grande majorité, sont reconnaiss­ants de nos efforts pour les accompagne­r. » Sans rancune, donc.

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Jessica Alba et Michael Douglas : l’une exigeante, l’autre grand seigneur.
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(Photos C. D. et T. M.)

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